Le 15 juin, le Chef d’État-major des Forces armées estoniennes Martin Herem a détaillé dans un entretien accordé au journal Postimees le plan de défense militaire de l’Estonie en cas d’attaque armée venue de Russie. Selon les Forces armées estoniennes, une première vague pourrait être composée de deux divisions russes et d’unités auxiliaires, ainsi que d’une autre division, de deux brigades et de soutiens de réserve. Face à cette déferlante, l’Estonie devrait mobiliser les forces dont elle dispose (ainsi que la brigade britannique présente) pour neutraliser l’attaquant en s’appuyant sur les plans de l’OTAN. Cette prise de parole fait suite à la démission, le 12 juin, du Secrétaire permanent du ministère estonien de la Défense Kusti Salm qui a dénoncé l’inaction du gouvernement à remédier à la pénurie de munitions, nécessitant selon lui un investissement d’1,6 milliard d’euros.
Cette mise en cause du gouvernement de Kaja Kallas, à la veille du départ annoncé depuis six mois du chef d’État-major, intervient alors que les ministres baltes de la Défense ont présenté une initiative commune de développement des capacités de défense lors de la réunion ministérielle de l’OTAN du 14 juin 2024. Pour eux, il est prioritaire, dans la perspective du sommet de Washington en juillet, d’envisager le renforcement de la dissuasion et de la défense de l’espace euroatlantique, notamment en renforçant les industries de défense des États membres. Si l’on tient compte du fait que les Forces armées russes sont aujourd’hui supérieures à ce qu’elles étaient au début de la guerre et que les dépenses de défense du pays atteignent désormais près de 9 % du PIB, il serait illusoire de tabler sur un apaisement de la situation en matière de sécurité dans un avenir proche, a estimé le ministre estonien de la Défense Hanno Pevkur. « La victoire de l’Ukraine et la défaite de la Russie sont extrêmement importantes pour assurer la sécurité transatlantique, mais nous devons également, ensemble, faire plus qu’avant pour que la défense de l’Alliance soit garantie de la meilleure façon possible », a-t-il précisé.
Pour ce faire, les ministres d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie soutiennent l’idée d’un engagement politique lors du Sommet de juillet en faveur de l’investissement dans le développement des capacités les plus critiques mais aussi dans l’acquisition de stocks de munitions. Pour les alliés européens et pour le Canada, il s’agit d’accélérer le développement de leurs capacités, de sorte à assumer une plus grande responsabilité en matière de défense européenne et à partager le fardeau plus équitablement avec les États-Unis.
Le ministre estonien est en outre revenu sur la question de l’engagement budgétaire des Alliés, estimant que le plancher doit être fixé au moins à 2,5 % du budget consacré à la défense (et non 2 %, sachant que l’Estonie est engagée à 3 %).
Sources : The Baltic Times, ERR.ee, Postimees.