Hongrie : le parti Tisza, renouveau ou trompe-l’œil?

La politique hongroise est bousculée par la création récente d’un nouveau parti, baptisé Tisza et dirigé par Péter Magyar, qui se présente comme l’anti-Orbán. Cette formation semble pouvoir menacer l’hégémonie du Fidesz tout en laissant planer des doutes quant à son, degré réel d’indépendance.

Fondé par Péter Magyar, ancien proche de Viktor Orbán, Tisza a rapidement gagné en popularité grâce à un discours direct, axé sur des préoccupations sociales et économiques concrètes. P. Magyar, qui connaît bien les rouages du pouvoir pour avoir été une figure de l’entourage de V. Orbán, critique désormais ouvertement la dérive autocratique de son ancien mentor et se positionne en défenseur de la démocratie et des valeurs européennes. Les sondages montrent que le parti a réussi à rassembler une coalition hétéroclite d’électeurs lassés de la mainmise du Fidesz sur les institutions. En particulier, la jeunesse hongroise, souvent délaissée par la politique traditionnelle, semble trouver en P. Magyar une alternative crédible, surtout après ses prises de position favorables à une plus grande transparence gouvernementale et à une meilleure inclusion économique.

Contrairement aux autres partis d’opposition, Tisza se distingue par son organisation et ses priorités : éducation, réforme de la santé, lutte contre la corruption, liberté de la presse. P. Magyar se positionne également sur des questions écologiques, une thématique relativement nouvelle dans le paysage politique hongrois et qui attire les jeunes électeurs soucieux de la transition verte.

Un autre aspect innovant de Tisza est sa volonté de reconsidérer les relations de la Hongrie avec l’Union européenne : contrairement à V. Orbán, Péter Magyar prône une coopération renforcée avec Bruxelles, espérant redorer l’image de la Hongrie au sein de l’Union. Son discours se veut résolument pro-européen, un contraste saisissant avec les positions eurosceptiques défendues par le Fidesz.

Malgré l’engouement populaire et la montée rapide de Tisza, des questions demeurent quant à la réelle indépendance de P. Magyar. Son passé en tant que proche de V. Orbán a suscité des soupçons sur la possibilité d’une opposition concertée, destinée à canaliser le mécontentement tout en restant sous contrôle. Certains critiques n’hésitent pas à qualifier Tisza de « Fidesz bis », insinuant que le parti pourrait finir par s’allier avec le Fidesz ou être une tentative d’Orbán pour réorienter le mécontentement croissant vers une opposition inoffensive. De plus, les propositions économiques de Tisza restent floues sur certains points cruciaux, notamment la manière de financer les réformes annoncées. Les observateurs craignent que, malgré son discours réformiste, le parti ne soit pas en mesure de mener à bien ses promesses sans compromettre la stabilité économique du pays.

Sources : Budapesttimes, Budapest Business Journal, 24.hu.