Par Céline Bayou (sources : Novinite, Itar-Tass, Interfax, Komsomolskaïa Pravda)
Selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la crise politique en Macédoine est directement liée à la perspective nouvelle de voir passer sur son territoire le gazoduc Turkish Stream, censé acheminer du gaz russe, via la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche. Annoncée en décembre 2014 par Vladimir Poutine, l’annulation du projet South Stream qui devait notamment traverser la Bulgarie, au profit d’un tube préférant la Turquie, a en effet ouvert de nouvelles perspectives pour Skopje.
Or, selon la Russie, l’éclatement de la crise politique en Macédoine précisément maintenant ne doit rien aux hasards de calendrier. S.Lavrov a donc repris la thèse d’une crise organisée de l’extérieur, par des forces qui tentent de convaincre le Président Nikola Gruevski de renoncer au passage de ce tube par son territoire, et ce au nom de l’imposition des sanctions à l’encontre de la Russie. C’est du moins ce qu’a déclaré le ministre russe devant le Conseil de la Fédération, le 27 mai 2015.
Cette approche a été reprise par l’ambassadeur de la Russie auprès de l’Union européenne, Vladimir Tchijov, qui a évoqué les trois options possibles pour le tube, une fois celui-ci arrivé à la frontière turco-grecque, c’est-à-dire aux portes de l’UE: le gazoduc pourrait alors être dirigé vers la Bulgarie mais, a noté l’ambassadeur dans une interview accordée à Interfax, la relation avec ce pays a accumulé suffisamment d’aspects négatifs. Il pourrait être orienté vers l’Albanie, «où la situation n’a jamais été très calme». Enfin, il pourrait traverser la Macédoine.
V.Tchijov a repris la thèse d’une crise politique organisée de l’extérieur, action que personne, évidemment, ne voudra reconnaître directement, mais dont l’analogie avec le cas du South Stream abandonné en raison du refus de l’UE est troublante.