Moldavie : vers un scrutin décisif, sur fond de risque d’ingérence russe

Le 28 septembre 2025, les Moldaves sont appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement. Ce scrutin crucial pourrait rebattre les cartes de l’équilibre politique du pays. L’opposition pro-russe, menée par l’ancien procureur général Alexandr Stoianoglo, a formé une coalition hétéroclite pour tenter de renverser la majorité du Parti Action et Solidarité (PAS), fidèle à la présidente Maia Sandu. L’enjeu dépasse la simple alternance : il touche à l’orientation géopolitique et au positionnement stratégique de la Moldavie dans un contexte régional tendu.

La campagne électorale s’annonce particulièrement tendue. La menace d’une ingérence russe, déjà dénoncée lors des précédents scrutins, plane à nouveau. Les autorités moldaves, en coopération avec la Commission européenne, ont lancé dès juin une série de tests de résistance face aux menaces hybrides (désinformation numérique, ingérence financière et cyberattaques ciblant les institutions électorales). Bruxelles entend soutenir Chisinau dans la défense de ses processus démocratiques, dans un climat marqué par la guerre en Ukraine, l’instabilité énergétique et les tentatives russes de déstabilisation dans plusieurs pays européens.

Ce scrutin intervient moins d’un an après un tournant politique majeur : le 20 octobre 2024, la Moldavie a en effet inscrit dans sa Constitution son objectif d’adhésion à l’Union européenne. Le référendum constitutionnel, organisé le même jour que le premier tour de l’élection présidentielle, avait mobilisé massivement la diaspora moldave, notamment en Europe occidentale. Malgré des soupçons étayés d’achat de voix orchestrés depuis Moscou par l’oligarque Ilan Șor – condamné pour fraude bancaire et réfugié en Russie –, le camp pro-européen l’avait emporté de justesse, avec 50,35 % des voix et moins de 12 000 suffrages d’écart. Maia Sandu avait alors été réélue pour un second mandat avec 55 % des suffrages exprimés. Mais son second quinquennat s’est ouvert dans un climat d’instabilité latente, entre espoirs d’adhésion à l’UE, austérité budgétaire, et vulnérabilités internes persistantes, en particulier dans la région sécessionniste de Transnistrie, toujours sous influence russe.

Lors du scrutin à venir, les soutiens de M. Sandu espèrent conforter la trajectoire européenne de la Moldavie. Les forces conservatrices et eurosceptiques, quant à elles, misent sur la fatigue sociale, les inégalités et l’insatisfaction économique pour convaincre les indécis.

Sources : Parlementul Republicii MoldavaCommission européenne, Digi24.