Par Céline Bayou (sources : Radio Poland, TVN24, The Washington Post, Deutsche Welle)
La Pologne s’apprête à transférer plus de 200 monuments érigés sur tout le territoire en l’honneur de l’Armée rouge vers un musée en plein air. Celui-ci sera installé au nord-ouest du pays, à Borne Sulinowo (Poméranie), sur un site utilisé comme base secrète militaire soviétique entre 1945 et 1992 (elle ne passa d’ailleurs sous juridiction polonaise que tardivement, en octobre 1992).
Cette initiative, qui a fait l’objet de nombreux échanges entre Varsovie et Moscou depuis le début de l’année, a été lancée par l’Institut de la mémoire nationale (Instytut Pamięci Narodowej, IPN). Son directeur adjoint, Paweł Ukielski, justifie le choix du lieu par sa charge symbolique. Il estime à 229 le nombre de monuments qui pourraient être transférés (la plupart des autres ont déjà été retirés du paysage au cours des années précédentes) et revendique le caractère unilatéral de la décision: «Il existe un accord polono-russe sur la préservation des cimetières et des lieux de mémoire mais il ne concerne pas les mémoriaux de reconnaissance.»
Le site devrait ouvrir ses portes le 17 septembre 2017, en commémoration de l’invasion de la Pologne par l’Armée soviétique, en 1939.
Pour P.Ukielski, l’affaire ne s’arrête pas là. Depuis plusieurs années, celui-ci exprime en effet le souhait de voir disparaître le principal symbole de la période soviétique en Pologne, le Palais de la culture et de la science qui, du haut de ses 231 mètres et depuis 1955, domine la skyline de Varsovie. En 2009, le ministre polonais des Affaires étrangères Radosław Sikorski avait d’ailleurs demandé sa démolition qui, selon lui, serait cathartique pour le pays tout entier. Le building est protégé par son statut de monument historique mais nombreux sont ceux qui, à l’instar de l’actuelle Première ministre Beata Szydło, jugeraient «normal et naturel» de faire disparaître de l’espace public polonais tous les symboles de l’ère communiste.
Cette approche ne sied pas vraiment à Moscou et le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères est allé récemment jusqu’à comparer les méthodes employées par les autorités polonaises en la matière à celles de l’État islamique.