Russie : le fromage ukrainien a-t-il sa place en Russie ?

Par Céline Bayou (sources : Gazeta.ru, RIA/Novosti)

Le Rosselkhoznadzor, l’organe fédéral russe de veille vétérinaire et phytosanitaire, pourrait autoriser deux entreprises ukrainiennes productrices de fromage à revenir sur le marché russe. C’est ce qu’a annoncé Sergueï Dankvert, responsable de l’organisme de veille, évoquant un délai probable de quelques jours.

Cette réouverture du marché russe aux fromages ukrainiens devrait se faire alors que les producteurs du Bélarus en particulier ont, depuis l’embargo décrété à l’encontre de l’Ukraine, pris d’assaut ce marché conséquent. Ils n’ont pas été seuls évidemment, puisque des entreprises argentines et uruguayennes mais également suisses ont également pris position sur le marché russe.

Avant l’interdiction opposée aux producteurs ukrainiens, ceux-ci fournissaient plus de 60 tonnes de fromage par an à la Russie. Si le risque est donc maintenant que la place soit prise, le responsable du Rosselkhoznadzor n’a pas manqué de noter que, selon lui, l’Ukraine pourrait aussi rencontrer quelques difficultés si elle décidait d’écouler ses fromages sur le marché de l’Union européenne: «Peut-être que les collègues européens attendent que des produits ukrainiens arrivent sur leur marché, des produits laitiers mais aussi carnés, et dans des volumes équivalents à ce que l’Ukraine déversait sur notre marché. Si les Ukrainiens parviennent à vendre leur fromage dans l’UE, on peut dire que ce sera un bel exploit!», a-t-il noté.

Ces discussions interviennent alors que les relations entre le Rosselkhoznadzor et les instances européennes sont pour le moins tendues. L’organe de veille a accusé à plusieurs reprises un certain nombre de pays membres de l’UE de procéder en toute illégalité à des réexportations vers la Russie et le Bélarus de produits agro-alimentaires dont l’origine avait été falsifiée. C’est ainsi que, sous couvert d’exportation de sable et gravier pour béton, c’est du lard qui serait parvenu en Russie en provenance d’Allemagne, et ce malgré les contre-sanctions russes qui touchent les produits agro-alimentaires européens. Et Dankvert de s’interroger: «La seule chose que nous ne pouvons pas comprendre, c’est comment cela peut se passer sur un territoire aussi civilisé que l’Union européenne!»