En 2018, le nombre de migrants arrivés sur le sol russe a été de 124 900 personnes, selon l’Institut d’analyse et de prévision socio-économique (RANEPA, Académie présidentielle). Jamais, depuis la fin de l’URSS, ce chiffre n’avait été aussi bas.
En 2018, l’afflux de migrants a chuté de 4 % par rapport à l’année précédente, tandis que l’émigration, elle, a crû de 16,9 %. L’Institut précise qu’il ne s’agit ici que des migrants « enregistrés » (dès qu’un migrant cesse d’être enregistré, il est considéré comme n’étant plus présent sur le territoire).
Pour ce qui concerne les mouvements de population avec les pays de la CEI, on constate en 2018 une chute des arrivées en provenance de tous les États, exceptions faites de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et du Turkménistan. Les flux ont particulièrement faibli en provenance d’Ouzbékistan et d’Ukraine (les flux ont été 3,2 fois moindres qu’en 2017), pays pourtant très pourvoyeurs de main-d’œuvre en Russie au cours des dernières années. On avait en particulier assisté à un afflux de migrants en provenance d’Ukraine particulièrement élevé sur la période 2015-2017.
L’Institut d’analyse et de prévision socio-économique précise que l’immigration n’a compensé qu’à 57 % le déclin naturel de la population. Pour comparaison, en 2017, l’immigration avait été suffisante pour compenser pleinement les pertes dues au dépeuplement et, ainsi, assurer une croissance, certes faible (77 000 personnes), de la population.
Pour 2019, on s’attend à une légère hausse du flux d’immigration, mais il restera modeste (autour de 200 000 personnes ; l’Office statistique, plus optimiste, table sur 208 000). Même l’hypothèse haute ne devrait toutefois pas compenser la décroissance naturelle.
Autre constat, les pays de la CEI sont de plus en plus attirés par des destinations non-russes : les habitants de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie regardent de plus en plus vers la Pologne (pour les deux premiers) et d’autres pays situés plus à l’Ouest.
Or, notent les analystes, il n’existe pour le moment pas d’autres réservoirs de population pour la Russie. La seule source stable d’immigration vient donc d’Asie centrale ou d’autres pays du Caucase mais la Russie craint que la stabilisation économique en cours (au Kazakhstan ou en Azerbaïdjan) ne tarisse ces flux, voire ne transforme ces pays en concurrents. D’autres pays sont donc envisagés, comme l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan ou l’Inde mais les experts de l’Institut notent que la Russie manque d’expérience en matière d’accueil de ces populations.
Sources : Meduza, Vedomosti, Institut d’analyse et de prévision socio-économique (RANEPA).