Russie-Norvège : la mer de Barents demeure un espace de coopération scientifique

Par Céline Bayou (sources : Barents Observer, Patchworkbarents.org, Svalbardposten)

En ces temps de refroidissement entre Russie et Ouest, Moscou maintient des relations notables avec la Norvège, notamment en matière de gestion des ressources halieutiques. La coopération entre les deux pays se poursuit en effet, depuis un demi-siècle maintenant, tout particulièrement en ce qui concerne l’exploitation de la morue en mer de Barents. Le 12 août, Russie et Norvège ont même lancé leur expédition de recherche commune en mer, comme chaque année depuis 2003.

Il ne faut pas pour autant en déduire que les relations politiques entre Moscou et Oslo sont au beau fixe. Mais, à l’Institut norvégien de recherches maritimes, le travail se poursuit comme si de rien n’était ou presque, sanctions et contre-sanctions ou pas. Le 12 août 2015, le navire Johan Hjort a comme prévu quitté le port de Tromsø pour lancer sa collecte de données scientifiques. Il sera bientôt rejoint par trois autres navires, deux norvégiens et un russe, qui, ensemble, procèderont à un état des lieux des ressources halieutiques (en particulier morue et aiglefin) et de l’écosystème marin. Il s’agira entre autres de procéder à un relevé des températures de l’eau, de l’abondance du plancton ainsi que de l’emprise des déchets, de la pollution chimique et de la radioactivité. C’est sur cette base notamment que les deux pays fixeront ensuite les quotas de pêche dans la région. Il est notable que la population de cabillauds augmente en mer de Barents depuis quelques années, permettant une hausse régulière des quotas. Avantage considérable, dans le cadre de cette mission les navires norvégiens n’ont pas besoin d’autorisation spéciale pour pénétrer dans la zone économique russe.

Le maintien d’un tel niveau de coopération est une chance dont les scientifiques embarqués à bord du Johan Hjort ont bien conscience, alors que d’autres missions scientifiques conjointes impliquant la Russie rencontrent nombre de difficultés. C’est le cas en particulier de l’Institut polaire norvégien qui, en juillet 2015, a dû renoncer à l’évaluation de la population d’ours blancs dans la région après que la Russie a refusé d’accorder son autorisation à l’entrée des scientifiques norvégiens du côté russe de la frontière.