Russie/Ukraine : le ton monte

Le responsable de l’entreprise ukrainienne Naftogaz Iouri Vitrenko a déclaré récemment que la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 et l’interruption qui en résulterait du transit de gaz russe via l’Ukraine mènerait à la guerre entre les deux pays. Dans une interview accordée au Financial Times, Iou. Vitrenko s’inquiète en outre de l’indécision de l’UE au regard de la trajectoire pro-européenne de son pays et du manque de soutien accordé par Bruxelles.

Propos mal perçus à Moscou, où le Conseil de la Fédération a qualifié cette « tentative de chantage » sur la Russie de mauvaise idée et ces propos d’irresponsables, et où la Douma a conseillé à l’Ukraine de se mettre au travail et de cesser de mendier. Pour le sénateur Vladimir Djabarov, il n’y a aucun lien à faire entre Nord Stream 2 et un risque de guerre mais « si l’Ukraine tente d’attaquer la Russie, ce sera la dernière décision des autorités ukrainiennes ». Propos relayés par Olga Kovitidi, membre du Conseil de la Fédération, estimant qu’il devient vital pour Kiev de penser à sa population plutôt que menacer la Russie. Pour Igor Ananskikh, vice-président du comité à l’énergie de la Douma, la guerre avec la Russie est une obsession qui ne concerne que les fonctionnaires ukrainiens : « Ils doivent se mettre au travail, au lieu de courir en tous sens les mains tendues en appelant à l’aide », estime le député.

Côté ukrainien, le conseiller du chef du bureau présidentiel Oleksiy Arestovitch estime qu’en cas de guerre, les forces armées russes ne seraient pas en mesure de vaincre. Le conflit serait un carnage, entraînant de fortes pertes en hommes et en matériels, mais ne résoudrait en rien les problèmes politiques de la Russie.

Mi-octobre, Gazprom a décidé de ne pas augmenter les volumes de gaz transitant par l’Ukraine à destination de l’Europe de l’Ouest, malgré les annonces inquiétantes faisant état de stocks loin d’être assurés. Les autorité ukrainiennes affirment même qu’en novembre, la Russie devrait réduire ce volume d’un tiers ; cette chute résulterait de l’accord passé avec la Hongrie, permettant d’acheminer du gaz russe vers l’Ouest grâce au tube TurkStream. Pourtant, début octobre, V. Poutine avait estimé que, même si la Russie avait plus d’intérêt financier à ne pas remplir ses obligations contractuelles vis-à-vis de l’Ukraine et à faire passer son gaz par la Hongrie, elle ne s’y résoudrait pas et se conformerait au contrat signé avec Kiev.

 

Sources : The Financial Times, Lenta.ru, Gazeta.ru, Ukraina24.