Russie : une députée iakoute démissionne pour protester contre les amendements à la Constitution

En Iakoutie (république de Sakha), une députée du parti Russie juste a démissionné de son mandat au Parlement de la république (Il Toumen) afin de marquer son désaccord avec les amendements constitutionnels examinés lors de la session du 12 mars 2020. Ces amendements, approuvés la veille par le Conseil de la Fédération, doivent être maintenant examinés par les parlements régionaux, avant d’être signés par le chef de l’État puis approuvés par le Conseil constitutionnel. Parmi eux, le fameux amendement qui devrait permettre à V. Poutine de se présenter à un nouveau mandat présidentiel en 2024 après « remise à zéro » des compteurs de ses précédents mandats.

Souloustana Myraan a expliqué son geste aux médias : « Oui, j’ai démissionné. La Constitution, c’est le document sur lequel se fondent les lois. J’estime que les amendements aux principaux articles introduits pat le Président Poutine ne sont pas légitimes. Le Président n’a pas le droit de tenir entre ses mains les trois branches du pouvoir. Qui plus est, le vote qu’il initie est lui aussi illégitime. Introduire des normes aux lois fédérales dans la Constitution, c’est un non-sens ! »

Pour l’ex-députée, le fait que le Parlement de la république a adopté à la majorité ces amendements honteux montre bien ce que vaut cette institution. D’ailleurs, durant les discussions qui ont précédé ce vote, les députés n’ont pas eu la parole. « Je n’ai plus rien à faire ici », a conclu S. Myraan, « Je ne veux pas et ne vais pas déshonorer mes cheveux gris ! »

Souloustana Myraan est connue dans le pays pour ses prises de position tranchées : en 2018, elle avait participé au mouvement « Il n’est pas notre tsar », manifestations de protestation qui avaient émaillé la nouvelle investiture du président Vladimir Poutine. Plus récemment, elle a contribué aux actions de soutien au chamane Alexandre Gabychev qui, bien décidé à exorciser V. Poutine qu’il assimile à un démon, avait entrepris de marcher de la république de Sakha jusqu’à Moscou avant de se faire arrêter et interner.

Sources : Iakoutia Info, SakhaTime.ru, Nezavissimaïa Gazeta, NewTimes.ru.