Mikhaïl Nossyk, député du raïon de Kalar dans le kraï de Transbaïkalie (Fédération de Russie), assure ses fonctions en télétravail depuis plusieurs années. Dans les situations où sa présence ou sa signature sont requises, il est représenté par son fils qui dispose d’une procuration.
Or, début 2025, des médias locaux ont fait état de rumeurs indiquant que le député russe vivrait en Ukraine. Ses collègues l’ont alors convoqué pour en savoir plus. En février, lors d’une réunion spéciale, il a expliqué à ses homologues, via Telegram, résider en Ukraine depuis 2021 et, de ce fait, ne pas pouvoir entrer. Tout en précisant être « un soutien actif de l’opération militaire spéciale et de son commandant en chef Vladimir Vladimirovitch Poutine ».
Quelques mois avant l’invasion à grande échelle, M. Nossik se serait rendu à Dnipro, dont il est originaire et où une partie de sa famille réside encore, pour suivre un traitement contre le cancer, moins cher en Ukraine qu’en Russie. Il se serait ensuite retrouvé coincé par le lancement de l’opération militaire. Quand il s’est tourné vers le ministère russe des Affaires étrangères et l’ambassade de Russie à Ankara, conseil lui aurait été donné de contracter un mariage fictif pour pouvoir quitter le pays avec des documents ukrainiens.
Dès mars 2022, sa famille l’aurait dénoncé aux autorités ukrainiennes. Une situation compliquée dont il se serait sorti, selon ses dires, par un pot de vin : l’élu déclare qu’après avoir saisi 800 euros, 50 à 80 000 roubles et ses papiers de voiture, les représentants des forces de sécurité aurait été « achetées » avec 2 bouteilles de cognac. Il se cacherait maintenant dans l’oblast de Dnipropetrovsk, vivant d’une pension de 27 000 roubles (environ 285€) qu’il convertit en bitcoins puis en hryvnias, perdant jusqu’à 30 % du montant par ce procédé.
En mars 2025, la Commission d’éthique de Russie a déclaré à l’issue d’un entretien que sa situation l’empêchait « de remplir pleinement ses devoirs » et a lancé une procédure de destitution à son encontre. La majorité de ses collègues ont voté contre et M. Nossyk a refusé de démissionner indiquant qu’il ne travaillait pas « plus mal qu’un autre député » et estimant que son statut pourrait le protéger en cas d’arrestation.
Le président du conseil du raïon de Kalar, Arkady Gromov, a qualifié M. Nossyk « d’otage de la situation », « une personne honorable, invalide, liquidateur de la catastrophe de Tchernobyl, ancien officier » qui « n’a pas eu de chance d’être né en Ukraine et d’avoir décidé de s’y rendre ».
Sources : Gazeta Wyborcza, Hromadske, Korrespondent.