Voïvodine serbe : l’examen de l’épineux dossier ‘Stepinac’ suit son cours

Par Stéphan Altasserre (sources : Politika, Dnevnik)

Les 14 et 15 février 2017 s’est tenue à Novi Sad (province autonome serbe de Voïvodine), dans les locaux du palais épiscopal, la troisième réunion de la Commission mixte de l’Église orthodoxe serbe et des évêques croates portant sur le rôle du prélat Alojzije Stepinac avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. L’homme d’Église occupa les fonctions d’archevêque de Zagreb à partir de 1937. Après le conflit mondial, il fut jugé et condamné par le régime socialiste yougoslave pour des actes de collaboration avec les Oustachis. Cependant, le Saint-Siège continua à soutenir l’intéressé malgré ses déboires judiciaires et le nomma cardinal en 1952. Ce dossier fut longtemps une source de tensions entre le Vatican et Belgrade.

En 1998, après la chute des régimes socialistes et le morcellement de la Yougoslavie en plusieurs entités indépendantes, le pape Jean-Paul II a béatifié Alojzije Stepinac. Cette décision a provoqué de nouveaux débats dans l’opinion publique quant au rôle du prélat lors de la Seconde Guerre mondiale. Afin de satisfaire une partie de ses fidèles, l’Église catholique romaine accepta de soutenir l’organisation d’une commission mixte catholique et orthodoxe pour enquêter sur l’attitude adoptée par ce religieux entre 1937 et 1960, année de son décès.

Le jour de l’ouverture de la réunion mixte, le 14 février, des graffitis ont été observés sur le mur du palais épiscopal avec l’inscription suivante: «« Pavelić [du nom du créateur et chef des oustachis, ndlr] et Stepinac » sont des  »anges de la miséricorde », des êtres malfaisants, des nazis-oustachis-génocidaires. Dis non au fascisme de la triplette UE-FMI-OTAN et des collaborateurs». Le tag s’achevait avec un point d’exclamation en forme d’étoile à cinq branches.

Le maire de la ville, Miloš Vučević, a immédiatement réagi et condamné ces actes qu’il a qualifiés d’«infâmes». L’élu a notamment déclaré qu’il y avait «des moyens socialement acceptables pour résoudre tous les problèmes» et exprimer ses opinions sans pour autant commettre d’agression et de destruction de biens publics. La brigade municipale anti-tag a été chargée de retirer ces graffitis.

Il est à noter qu’en marge de cette réunion se tenait également, dans le même bâtiment, la conférence des évêques croates à laquelle ont notamment participé l’archevêque de Zagreb et le cardinal Josip Bozanić. Pour l’heure, le clergé n’a pas réagi, afin de ne pas alimenter la polémique.

La prochaine réunion de la Commission mixte catholique et orthodoxe, qui poursuivra l’examen du dossier «Stepinac», se tiendra à Požega en Croatie les 21 et 22 avril prochains.