Albena, une ville sans histoire

Implantée dans un site somptueux, au pied d’une colline située entre mer Noire et forêt, dans une région chargée d’histoire, la station balnéaire d’Albena, en Bulgarie, a été créée ex-nihilo à partir de 1968. Toute dédiée à l’accueil des touristes et des sportifs, elle se consacre à leur bien-être matériel et compte sur le climat pour faire le reste. Portrait d’une ville sans histoire et qui ne cherche même pas à s’en inventer une.


complexe hotellier à AlbenaDes hôtels entre sable et forêt

La construction de la station balnéaire, située sur le littoral bulgare (à 24 km au nord de Varna et 8 km au sud de Baltchik), a été lancée le 1er juillet 1968 (au moment même où, en France, était lancé le projet de la Grande Motte).
Alors que la légende raconte que le poète Ovide, contraint 20 siècles auparavant de quitter les Abruzzes pour s’exiler à hauteur de Constanta (Roumanie) serait passé par là, lorsque la première pierre fut posée, il n’y avait sur le futur site que sable fin et forêt. Le complexe d’Albena comprend aujourd’hui 43 hôtels (14 900 lits) de 2 à 4 étoiles. Situés en bordure du littoral, ils sont construits en escaliers, et offrent vue sur la mer ou sur la réserve naturelle de Baltata. La station les rénove très régulièrement et s’est lancée dernièrement dans l’équipement de certains d’entre eux en panneaux solaires.

L’hôtel Dobroudja, genius loci ?


© Céline Bayou

Le complexe balnéaire s’est doté de nouveaux hôtels tout au long des années 1970, jusqu’à l’ouverture, le 25 juillet 1983, de l’hôtel Dobroudja, devenu depuis le symbole d’Albena. Conçu par de jeunes architectes bulgares, il était vanté alors comme présentant des formes et des volumes aussi audacieux qu’harmonieux, s’inscrivant dans l’environnement naturel. Il trône au centre de la station, sur 17 étages, fier de ses nombreux restaurants, bars, piscines, magasins, de son centre de congrès, sa salle de fitness, son casino et, surtout, son centre de balnéothérapie, ouvert toute l’année.

Chaises longues et parasols


© Céline Bayou

La station d’Albena est délimitée par une clôture et l’entrée s’effectue par un barrage, les voitures devant s’acquitter d’une taxe pour circuler dans la ville, de fait essentiellement piétonnière. Sur la plage de 5 km de long et 150 mètres de large, les parasols sont alignés au cordeau. Les touristes, majoritairement étrangers, y louent ombre, transat et matelas pour un prix modique à leurs bourses. Si la station se vante de ses équipements sportifs, le bain de soleil semble bien être l’activité principale de l’estivant qui séjourne à Albena.

Offrir du rêve à l’année ?


© Céline Bayou

La saison touristique s’étend de mai à septembre. Mais la société qui détient et gère la station, la puissante Albena Invest Holding S. A., plus gros investisseur bulgare dans le secteur du tourisme, fait tout pour l’étirer au maximum et que la station, désertée en hiver, accueille encore des locataires. Alors elle joue de plus en plus la carte sportive, afin de garder le maximum d’hôtels ouverts à l’année: outre le centre de balnéothérapie, sont promus les 21 courts de tennis (dont 4 couverts), les 8 stades, la base multisports couverte, les 21 piscines (dont 4 couvertes), le centre équestre, les équipements nautiques, etc. et le centre médical. Consécration suprême, en 2001, le Comité olympique bulgare a proclamé Albena lieu idéal pour la préparation des sportifs en vue des JO d’Athènes de l’été 2004 !

Quitter Albena


© Céline Bayou

Parqué dans la station, le touriste ne saura pas que la beauté est ailleurs mais toute proche : le long des falaises abruptes qui relient, vers le Sud, la station au village de Kranevo. Ou en remontant vers le Nord, en direction de la Roumanie, sur ce qui est peut-être la plus belle partie du littoral bulgare.
En quittant Albena, il ne saura pas non plus sans doute ce qui vaut son nom à ce lieu de villégiature : l’hommage tellement discret des fondateurs de la station à l’héroïne d’une nouvelle du grand écrivain Jordan Jovkov (1880-1937), la très belle Albena, au centre d’une sanglante histoire d’amour et d’infidélité.

Baltchik, là où commence l’Histoire


© Céline Bayou

Pourtant, la région est riche en histoire. La petite cité orientale voisine de Baltchik, qui dévale vers la mer sur le versant abrupt d’une falaise, aurait été fondée au 6e siècle av. J.C. Forteresse gréco-byzantine, elle s’appela un temps Dyonisopolis. Quelque peu préservée du tourisme de masse et du folklore reconstitué d’Albena, elle attire par ses rues pentues, sa promenade le long de la mer et son petit port désuet autant que charmant.

Vignette : © Céline Bayou