Arménie : hausse des tensions avec la Russie et le Bélarus

Le 12 juin 2024, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a officiellement annoncé le retrait de l'Arménie de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) dirigée par Moscou. Le lendemain, il a rappelé l'ambassadeur arménien au Bélarus. À cet affront diplomatique, N. Pachinian a ajouté des déclarations cinglantes devant le Parlement arménien : « Je ne visiterai jamais le Bélarus tant qu'Aliaksandr Loukachenka en sera le Président. »

Ce changement soudain de posture est lié au conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, alors que Minsk a été l’un des plus importants fournisseurs d’armes à l’Arménie de 2018 à 2022. Ces transactions avaient lieu alors que l’Arménie et le Bélarus étaient encore alliés dans le cadre de l’OTSC. Minsk a répliqué en rappelant également son ambassadeur à Erevan et a accusé le gouvernement arménien de vouloir détourner l’attention des tensions internes vers des enjeux extérieurs.

Le refroidissement des relations entre Erevan et Moscou se propage au-delà de la querelle avec Minsk ou à propos de l'OTSC. La visite récente d'officiels arméniens à Boutcha, ville ukrainienne où des crimes de guerre russes particulièrement atroces ont été documentés, a encore aggravé les tensions entre Erevan et Moscou. La visite de l'ambassadeur arménien en Ukraine, Vladimir Karapetyan, et de Tigran Ter-Margaryan, chef du district de Nor Nork (Erevan), a été l’occasion pour ces officiels de manifester leur soutien à l'Ukraine, alignant ainsi l'Arménie avec les positions occidentales et contredisant le discours russe sur le conflit.

Cette visite a suscité une vive réaction de la Russie. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, y a vu « un acte ouvertement inamical de la part de Erevan ». Elle a affirmé que le Kremlin avait envoyé une note de protestation à l'Arménie, traduisant le mécontentement de Moscou face aux actions de Erevan.

Sources : Tavisubleba et Eurasianet.