Ils veulent réussir en Pologne

Alors qu’une frange de la jeunesse polonaise préfère émigrer dans les pays d’Europe occidentale et, en particulier, en Irlande, pour rechercher un emploi bien rémunéré, certains prennent le pari d’une carrière construite sur leur terre.


Koszalin sur la côte polonaise de la mer Baltique. En 1999, lors du redécoupage administratif régional, ville de 100 000 habitants a perdu son statut de préfecture au profit de Szczecin, ville frontalière avec l’Allemagne. Depuis, les activités y ont largement diminué.

Les échoppes et les petits commerces tournent fréquemment, faute de clients réguliers. Les manifestations culturelles sont rares, et les cursus universitaires de faible niveau obligent les étudiants les plus motivés, et les plus argentés, à suivre des cours à distance à Poznan ou à Varsovie. La ville n’offre finalement que peu d’alternative à sa, représentative de celle des villes moyennes en Pologne.

Côté emploi, le chômage frappe tous les corps de métier. Reste une solution : se lancer comme artisan taxi, moyennant un faible revenu. Mais la concurrence dans ce secteur est aujourd’hui terrible. Même les retraités cèdent à la tentation pour arrondir leur fin de mois.

Daniel, 30 ans, a terminé trois années d’études en hôtellerie-restauration. Après avoir travaillé durant quatre ans dans un restaurant pour 400 zlotysmensuels (100 euros), il a choisi de devenir agent de surveillance, pour 800 zlotys cette fois, chez un grossiste. Cette situation précaire le prédestinait logiquement à s’exiler à l’étranger, notamment dans la capitale irlandaise, Dublin, où les salaires sont élevés. Certains de ses amis qui ont tenté l’aventure y gagnent entre 1.000 et 1.500 euros. Parfois même 2.000 euros pour les plus qualifiés d’entre eux.

Finalement, Daniel a choisi de rester avec sa compagne, Sylvia, 28 ans, commerciale au Crédit agricole dont une agence est implantée à Koszalin. Certes, le salaire n’y est pas mirobolant -1.200 zlotys (300 euros)- mais deux revenus leur suffisent à vivre convenablement, dans leur deux pièces en location.

« Nous avons eu un choix simple : soit nous restions à Koszalin en essayant de construire notre carrière sereinement, soit nous partions en Irlande comme les autres pour essayer d’économiser un maximum d’argent, explique-t-il. Mais un tel exil pose certains problèmes : la qualité de vie sur place n’est pas fantastique, car chacun pense à économiser pour monter son commerce de retour de Pologne. Et si ces personnes n’arrivent pas à épargner une somme suffisamment conséquente, cela est synonyme de catastrophe pour eux, car elles savent qu’elles ne retrouveront pas, dans la majorité des cas, un métier à Koszalin, après ces quelques années d’éloignement. Pour notre part, nous préférons assurer une logique professionnelle, même s’il faut attendre que notre pouvoir d’achat augmente progressivement pour atteindre un niveau de vie vraiment équivalent à celui des pays d’Europe occidentale. »

Autre profil, autre ambition

Poznan, à l'ouest de la Pologne. Dans cette ville riche d’un héritage culturel considérable en raison son passé allemand, le pouvoir d’achat est le plus fort du pays. Tournée vers un développement économique important, notamment dans l’industrie du textile et les nouvelles technologies, elle fait le bonheur d’une jeunesse motivée, branchée et sortie d’universités prestigieuses.

Pawel et Piotr, deux amis d’enfance, y ont étudié le droit pendant cinq ans. Pawel a toujours travaillé, en parallèle de ses études, dans la téléphonie mobile, avant de s’y consacrer entièrement. Il est, aujourd’hui, directeur adjoint d’une centrale d’achat, et touche près de 9.000 zlotys (2.200 euros) par mois. Il vient d’acquérir un appartement neuf de 60 m2 en périphérie de la ville pour 40.000 euros.

Par Francois GREMY

Photo libre de droits : tailleur de pierre