Russie : du GNL pour Kaliningrad

Le Président russe a inauguré le 8 janvier 2019 un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Kaliningrad. Il a annoncé que Gazprom était désormais en mesure d’approvisionner totalement l’enclave sans passer par la voie terrestre. Pour être plus clair, il a précisé que ce terminal contribuerait à minimiser les risques de transit.

En effet, jusque-là, Gazprom fournissait du gaz à l’enclave via le tube reliant Minsk à Kaliningrad en passant par Vilnius et Kaunas. Ce qui lui coûtait de l’argent en taxes de transit versées à la Lituanie et au Bélarus, et plaçait l’enclave en situation de faiblesse face à son voisin balte. Désormais, la plateforme flottante Maréchal Vassilievski, installée face à l’enclave, peut se substituer à la voie terrestre. C’est la seule plateforme en Russie équipée de façon à recueillir du carburant à l’état liquide et à le regazéifier. Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, assure que le terminal est suffisant pour assurer les besoins actuels de l’enclave et ceux de demain s’ils devaient s’accroître. La capacité du terminal serait de 13,2 millions de m3 de gaz par an.

Vladimir Poutine a souligné à cette occasion que le système de fournitures terrestres via le gazoduc Minsk-Kaliningrad était totalement déconnecté. Quitte à créer la confusion : c’était bien le cas, mais provisoirement. Le ministre lituanien de l’Énergie, Žygimantas Vaičiūnas, a même dû rappeler dans les médias locaux que Gazprom est lié à la Lituanie par un accord qui court jusqu’en 2025. Et de rappeler qu’il y a 4 ans, lorsqu’elle avait inauguré son propre terminal GNL, la Lituanie avait procédé à la même phase de test et interrompu provisoirement le transit terrestre.

Le directeur de l’Institut des relations internationales et de science politique de Vilnius, Ramūnas Vilpišauskas, voit un message clair dans cette inauguration : Moscou signifie à Vilnius et à Minsk qu’il peut désormais envisager de mettre définitivement un terme au transit gazier, ce qui répond à la fois à la préoccupation de la Russie concernant la sécurité énergétique et à sa tactique traditionnelle concernant les négociations sur la politique énergétique : « Les autorités russes ont exprimé à maintes reprises leur appréhension à l’idée de voir la Lituanie utiliser sa position de pays de transit du gaz naturel et de l’électricité comme une arme géopolitique.|…] Nous ne savons pas en revanche à quel point il s’agit d’une préoccupation réelle. » Le chercheur note en outre que le fait nouveau est que la Russie reconnaît désormais le potentiel du GNL, alors que jusque récemment les autorités affirmaient avec véhémence que le gaz naturel transporté par tube était forcément plus compétitif que le gaz liquéfié.

Sources : Newkaliningrad.ru, RIA Novosti, The Baltic Course, Delfi.lt, Interfax.

Céline BAYOU