En ce début de novembre 2017, les événements commémoratifs sont peu nombreux à Saint-Pétersbourg, cœur révolutionnaire de la Russie en 1917 alors nommé Petrograd. Quelques institutions culturelles et académiques se sont fendues d'une petite exposition : « L’architecture en 1917 », « La géographie en 1917 »…[1]. Quelques « enthousiastes », déguisés en bolcheviks et installés dans un « tramway de la Révolution », ont parcouru les lieux des révoltes et revécu les événements en distribuant du thé et les textes des décrets de novembre durant quelques soirées[2].
Revenons sur les deux événements principaux et contradictoires organisés dans l’espace public.
Le son et lumière des 4 et 5 novembre: l’inversion du sens
La seule attraction officielle organisée par la mairie de la ville est un spectacle son et lumière de quatre heures sur la place du Palais. Mais ce grand show, intitulé « 1917-2017 » commémore moins la Révolution de 1917 que la Russie éternelle, que la parenthèse bolchevique n’a su ébranler. En voici quelques tableaux.
L’objectif du spectacle est de rappeler qu’en 2017, la Russie est sortie de cette phase révolutionnaire dégradante.
Les bolcheviks prennent le pouvoir.
S’ensuivent les flammes (de la révolte ? de l’enfer ?)
Les images de la famille Romanov, célébrée, sont accompagnées d’une musique larmoyante. Le spectacle se mue en repentance et marque une distance très forte vis-à-vis de l’événement qu’il prétend célébrer.
La manifestation Parti communiste: une volonté marginale de faire vivre la Révolution
Le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) a obtenu l’autorisation de manifester, avec d’autres mouvements de gauche, autour de quelques lieux de mémoire dans le pays. Le rassemblement de Saint-Pétersbourg était très modeste.
Le point de ralliement, en ce 7 novembre 2017, n’était pas la place du Palais, interdite, mais, à 3 kilomètres de là, sur les quais de l’île Petrogradskaïa, où le croiseur Aurore est amarré.
Le meeting a duré une heure environ. Tous les militants, ou presque, tenaient le même discours sur l’actualité de la pensée révolutionnaire.
Sur les étendards comme dans les discours, le portrait de Lénine était invisible, et celui de Staline, en revanche, très présent. Le KPRF ne renie pas cette figure tutélaire. En effet, pour certains adhérents du KPRF, la grandeur tient autant à la révolution de 1917 qu’à la victoire de 1945, qui vaut à Staline un respect qui dépasse l’audience des sympathisants.
Notes :
[1] https://открытыйгород.рф/ekskursii/trvamvaj-revolyuczii.html
[2] fiesta.city/spb/live/top-10-sobytiy-v-peterburge-k-100-letiyu-revolyutsii-1917-goda/
Vignette : Deux militants communistes rentrant chez eux par la place du Palais, Saint-Pétersbourg, 7 novembre 2017 (Juliette Denis).