Lancé par la Commission européenne, l’EU Sanctions Tracker est un outil interactif et en libre accès qui recense l’ensemble des sanctions adoptées par l’Union européenne. Il offre une cartographie précise des personnes, entités et régimes visés, tout en expliquant les motifs et la nature des mesures prises : gels d’avoirs, interdictions de financement ou de déplacement, restrictions commerciales. Conçu pour rendre plus transparent un domaine longtemps réservé aux initiés, ce traceur permet de visualiser l’étendue et la structure de la diplomatie coercitive européenne. Les données, issues du service des publications de l’UE, sont actualisées en continu et accompagnées d’un glossaire qui éclaire le langage juridique souvent opaque de la politique de sanctions.
L’intérêt de cet outil réside autant dans sa fonction pédagogique que dans sa portée politique. En quelques clics, il devient possible d’explorer les listes consolidées, de filtrer par nationalité, secteur ou régime, et d’évaluer la densité des sanctions au fil du temps.
Cette approche visuelle et analytique met en évidence le poids croissant de la Russie dans la mécanique restrictive de Bruxelles. Depuis 2014, et surtout depuis l’invasion d’ampleur de l’Ukraine en 2022, la Russie concentre la plus grande part des mesures en vigueur : selon les données du traceur, 1 899 sanctions concernent aujourd’hui des personnes et 635 entités de nationalité russe. Le régime « RUS », qui regroupe les dispositifs directement liés à la guerre, compte à lui seul plus de 70 sanctions actives.
L’EU Sanctions Tracker n’est pas seulement un instrument technique, mais aussi un miroir de la stratégie géopolitique européenne. En rendant ces informations publiques et consultables, il permet d’évaluer la cohérence et l’ampleur de la réponse de l’Union face aux atteintes au droit international.
Si l’outil ne mesure pas l’efficacité réelle des sanctions ni leur contournement, il offre une base unique pour comprendre comment Bruxelles articule droit, économie et politique dans la confrontation avec Moscou. Cette transparence accrue témoigne d’une volonté nouvelle : faire des sanctions non pas seulement une arme discrète, mais un langage diplomatique assumé et lisible par tous.
Source : EU Sanctions Tracker.