Bélarus : 18 ans de prison pour Siarhei Tsikhanousky

À l’annonce du verdict, Siarhei Tsikhanousky a tourné le dos au juge, tandis que Mikalaï Statkevitch s’écriait « Jyvé Belarus ! » (Vive le Bélarus), le cri de ralliement des opposants au président en exercice A. Loukachenka depuis le simulacre de réélection de ce dernier, en août 2020.

La fin du procès à huis clos des activistes proches du blogueur S. Tsikhanousky, dont l’épouse a pris le flambeau de l’opposition depuis l’emprisonnement de son mari en mai 2020, était attendue par nombre d’observateurs. Si personne n’attendait de clémence de la part du tribunal de Gomel, le poids des sanctions (18 ans de colonie pénitentiaire à régime sévère pour S. Tsikhanousky, 14 ans de colonie à régime spécial pour M. Statkevitch, des peines de 15 à 16 ans pour leurs compagnons Igor Lossik, Vladimir Tsyganovitch, Artiom Sakov et Dmitri Popov, en a surpris plus d’un.

L’épouse de M. Statkevitch, Marina Adamovitch, présente lors de cette séance, rapporte que S. Tsikhanousky a tenu à rappeler que, durant les cinq mois qu’a duré le procès, pas une personne n’avait témoigné contre les accusés. Ces derniers, outre leurs peines d’emprisonnement ont été condamnés à payer 2,5 millions de roubles à titre de compensation pour les dommages reprochés (troubles à l’ordre public).

Sviatlana Tsikhanouskaia, en exil depuis deux ans en Lituanie, a immédiatement dénoncé une « vengeance » politique de la part d’A. Loukachenka. Le politiste bélarusse Zmitser Balkounets, lui, souligne le fait que la lourdeur de la peine reflète le niveau d’inquiétude d’A. Loukachenka qui veut définitivement faire taire tout mouvement d’opposition ou de protestation : « Ce verdict est une vengeance, une punition et une angoisse. […] Les 18 ans annoncés témoignent du niveau de peur de M. Loukachenka, de sa famille et de son cercle proche. Ils ont peur de toute initiative populaire. » Mais Z. Balkounets estime peu probable que le condamné passe réellement 18 ans en prison :tout dépend de l’état de la société bélarusse et de la pression exercée par la communauté internationale sur le régime.

L’épouse d’I. Lossik, Daria, a quant à elle demandé un entretien avec A. Loukachenka, tout en qualifiant le procès de farce qui reflète une situation de non-droit.

En juillet dernier, Viktar Babaryka, un autre opposant au président en exercice, a été condamné à 14 ans de prison. Quant à Maryya Kalesnikava, elle a été condamnée à 11 ans d’emprisonnement après un procès qui s’est également tenu à huis clos.

Sources : Charter97, Novaya Gazeta, The Moscow Times, Nezavissimaïa Gazeta.