Bosnie-Herzégovine : instruction judiciaire sur les ‘chasses à l’homme’ sarajéviennes de la guerre

Le film-documentaire Sarajevo Safari (2022) évoque le phénomène peu connu des « chasses à l'homme » organisées à partir des positions de l’armée de la République serbe dans et autour de Sarajevo lors de la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995. Le film du réalisateur et scénariste slovène Miran Zupanič dénonce ainsi un « tourisme » macabre : de riches ressortissants étrangers seraient venus dans la ville martyre pour abattre impunément des personnes, souvent des civils, profitant ainsi du désordre engendré par le conflit pour assouvir leurs viles pulsions.

La maire de Sarajevo, Benjamina Karić, qui a vécu la guerre en première ligne avec sa famille dans Sarajevo, s’est dite particulièrement choquée par les révélations de ce film. Elle a déposé plainte au nom de la municipalité contre les meurtriers inconnus mentionnés dans le documentaire et demandé l’ouverture d’une enquête.

Le bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine l’a informée qu’un procureur du Département spécial pour les crimes de guerre avait été nommé pour lancer les investigations nécessaires afin de vérifier l’ensemble de ces allégations. B. Karić a diffusé le message des services du procureur sur Twitter le 1er novembre 2022. Il y est indiqué que la Justice bosnienne l’avisera des avancées de l’enquête.

Pour rappel, Sarajevo fut assiégée et pilonnée du 5 avril 1992 au 29 février 1996 par l’Armée de la République serbe de Bosnie, provoquant le décès de près de 10 000 civils, dont 1 500 enfants. La population a également dû faire face aux tirs de snipers isolés, en particulier sur certains secteurs, à tel point que la principale avenue de la capitale avait été tristement renommée par les habitants « Snipper Alley ».

Sources : Slobodna Bosna, N1, Televizija Sarajevo.