Bosnie-Herzégovine : le respect des identités des peuples

Le 25 mai 2021, Branimir Bilic, présentateur de l’émission Hrvatska za 5 (Croatie pour 5) de la Radiotélévision croate, a reçu le Dr Mustafa Cerić, théologien influent, Grand mufti (Reis Ul Ulema) de Bosnie-Herzégovine (BiH) de 1999 à 2012 et co-fondateur du Conseil interreligieux de BiH.

L’animateur a interrogé le religieux sur la survie de la Bosnie-Herzégovine dans son aspect sociopolitique et culturel actuel, c’est-à-dire avec l’ensemble de ses peuples constitutifs (Bosniaques, Serbes et Croates) traités de manière égale. L’hôte a rappelé que le pays était soumis depuis plusieurs années à des luttes d’influences de la part de quatre grands acteurs extérieurs : la Serbie, la Russie, les États-Unis et la Turquie. En réponse, M. Cerić lui a déclaré que son pays avait survécu « tel quel pendant 1 000 ans », mais que son existence avait été mise en danger par certains de ses voisins : « N'oubliez pas que le Monténégro a été à l’origine de l’agression contre la Bosnie-Herzégovine avec la Serbie. »

Désormais, les Bosniens ont le sentiment d’avoir été « trahis » par ceux-là même « qui étaient censés les aider ». À mots couverts bien sûr, le pays visé était la Croatie, dont certains dirigeants se sont dernièrement rapprochés de Belgrade alors que, lors de la guerre de Bosnie, les deux peuples s’étaient souvent alliés contre les armées serbes.

B. Bilic a également déclaré que l’identité de tous les peuples et individus n’était pas respectée sur le territoire bosnien. L’ancien Grand Mufti a répliqué que s’« ils ne sont pas respectés en Bosnie-Herzégovine, alors où le sont-ils, car la Bosnie est le seul pays à avoir trois présidents » (faisant référence à la présidence tournante entre les trois grands représentants des trois ethnies constitutives, un mécanisme caractéristique de la politique fédérale bosnienne).

Enfin, M. Cerić a indiqué qu’il restait confiant en l’avenir grâce aux soutiens apportés à Sarajevo par les organisations internationales ainsi que, surtout, par Washington. Il a précisé que le président serbe Aleksandar Vučić devrait bientôt se préparer à de plus âpres négociations que lors de l’indépendance du Kosovo, et qui viseraient certaines modifications attendues des accords de Dayton. Cette déclaration susceptible d’alimenter la polémique, repose sur des informations récemment obtenues par l’ancien Grand mufti, mais sur lesquelles il n’a pas souhaité donner d’autres précisions.

Sources : Slobodna Bosna, HRT prikazuje.