Bosnie-Herzégovine : l’écrivaine Martina Mlinarević cherche refuge à Sarajevo

L’ancienne journaliste et chroniqueuse de média en ligne Martina Mlinarević est connue pour ses publications engagées. Un de ses articles, paru en 2017 et visant le HDZ (Union démocratique croate, principale formation représentant l’ethnie croate au sein de la Bosnie-Herzégovine - BiH), avait d’ailleurs profondément irrité les dirigeants de cette formation politique. Depuis lors, elle est devenue l’une des « bêtes noires » des dirigeants du HDZ ; les militants et sympathisants de ce parti n’ont cessé de le lui faire comprendre à travers les menaces qu’elle a régulièrement reçues, notamment sur les réseaux sociaux, où elle est active et populaire (sa page Facebook était suivie par plus de 122 500 profils en août 2019). Depuis quelques temps, les livres de M. Mlinarević sont retirés des bibliothèques publiques d’une partie des municipalités d'Herzégovine (région des Alpes dinariques de BiH dominée par la population bosno-croate), preuve de cette hostilité à son égard.

En août 2019, la promotion du dernier livre de l’écrivaine, Huzur (Paix), a même été retirée de la programmation d’« Evergreen Fest à Citluk » (6 au 26 août). M. Mlinarević devait y intervenir à l’occasion d’une soirée littéraire. Outrée, l’écrivaine a dénoncé le 16 août sur sa page Facebook les menaces et pressions de sponsors du festival adressées à certains des organisateurs de l’événement, conduisant ces derniers à ce retrait inattendu.

Deux jours après, la rédaction de Slobosna Bosna annonçait le départ de M. Mlinarević de sa ville de résidence de Širokog Brijeg (FBiH), une commune dominée numériquement par la population bosno-croate (à 98 % selon le recensement de 1991) et dirigée par le HDZ. L’écrivaine s’est dite victime dans cette ville conservatrice non seulement de menaces, mais également de refus de vente de la part des certains commerçants. Cette hostilité la plaçait dans une situation délicate, l’intéressée vivant avec sa fille.

Ces pressions, insultes et menaces ciblant l’auteure se sont intensifiées à partir du 13 mars 2019, lorsque Željko Komšić, membre de la présidence de BiH (depuis 2018) et du SDP (Parti social-démocrate), l’avait proposée (sur son quota présidentiel réservé) au poste d’ambassadrice de Bosnie-Herzégovine en République tchèque. Ž. Komšić est connu pour son engagement au profit de la société civile bosnienne et réputé se situer au-dessus des rivalités ethniques et nationalistes.

Sources : Slobodna Bosna, Večernji HR, Oslobozhdenie, Hercegovacki Portal.