La construction du gazoduc russo-chinois Force de Sibérie arrive à son terme : le 23 juillet 2019, Chinois et Russes ont réalisé la jonction entre leurs parties respectives du tube, près de la ville chinoise de Heihe. Le vice-président du conseil d’administration de Gazprom, Oleg Aksioutine, a annoncé que 90 % du gazoduc côté russe - soit 1 950 km sur la totalité des 2 156 qui s’étendent des champs d’extraction de Tchaiandinskoie (sud-ouest de la République de Sakha-Iakoutie) et de Kovyktinskoie (sud de l’oblast d’Irkoutsk) jusqu’à la frontière chinoise limitrophe de la région Amour - ont été testés avec succès.
Dès le 1er décembre 2019, le nord de la Chine devrait donc être approvisionné par Force de Sibérie dont, à terme, la capacité d’acheminement atteindra les 38 Mds de m3 par an, pour un contrat d’une durée de 30 ans. D’ici 2024, le tube atteindra Shanghai. Il serait même question d’approvisionner le gazoduc de 6 Mds de m3 supplémentaires par an.
Mais, plus largement, Force de Sibérie s’inscrit dans le méga-projet « Programme de gazéification de l’Est », approuvé par le gouvernement en 2007 et qui prévoit non seulement un puissant canal d’exportation de gaz vers l’Asie et le Pacifique, mais aussi de doter l’Extrême-Orient russe d’un système complet et unifié de production, de transport et de traitement de gaz. En effet, malgré la présence d’importantes ressources en gaz naturel, le district fédéral de l’Extrême-Orient ne connaît encore qu’un taux de gazéification de 13 % et celui de Sibérie de 6,8 %, contre 67,2 % pour l'ensemble de la Russie.
Ce projet inclut quatre centres d’extraction en cours d’exploitation (Sakhaline-2 et Sakhaline-3 en offshore près de l’île éponyme, Kchoukskoie et Nijne-Kvakchikskoie au Kamtchatka), sur le point de démarrer (Tchaiandinskoie et Kovyktinskoie) ou au stade d’ébauche (centre d’exploitation du kraï de Krasnoiarsk). Le tout sera relié par un vaste système de transport gazier. Ainsi, à titre d’exemple, la population de la péninsule du Kamtchatka, qui se chauffait au charbon et au fuel transportés par voie maritime a accès au gaz depuis 2010, suite à la mise en service des deux nouveaux champs d’exploitation. La construction des tubes, des conduits secondaires ainsi que des stations de distribution est financée par Gazprom. En revanche, la construction des réseaux urbains revient bien aux administrations régionales.
L’une des priorités du Programme de gazéification de l’Est est de produire et d’exporter du gaz raffiné avec de la valeur ajoutée. En parallèle de la construction de Force de Sibérie et des principaux champs d’extractions a donc été bâtie la plus importe usine de traitement de gaz au monde près de Blagovechtchensk, dans l’oblast de l’Amour. D’une emprise de 600 hectares et créant 3 000 emplois, elle aura une capacité annuelle de production de 49 Mds de m3 d’éthane, de propane, de butane et de pentane-hexane, en plus d’un site spécifique de production d’hélium d’une capacité de 60 M. de m3 par an. Son démarrage sera synchronisé avec le lancement des champs d’extraction de Tchaiandinskoie, de Kovyktinskoie et du gazoduc Force de Sibérie, ce dernier devenant ainsi l’un des éléments clés du système d’approvisionnement en gaz de l’est de la Russie.
Sources : Gazprom.ru, TASS, Minenergo.
