Bosnie-Herzégovine : les élections municipales à Mostar une nouvelle fois compromises?

Par Stéphan Altasserre (sources : Slobodna Bosna, Balkan Insight)

La guerre fratricide de Bosnie (1992-1995) a laissé des cicatrices indélébiles en divisant durablement certaines franges de la population bosnienne. Ce phénomène est notamment observé dans la ville de Mostar, dont le quartier Est, majoritairement bosniaque, avait été assiégé par les forces du HVO (Conseil de défense croate) lors du conflit.

Ces divisions se manifestent notamment dans l’affrontement politique incessant entre le principal parti des musulmans de Bosnie, le SDA (Parti d’action démocratique), et le parti nationaliste croate, le HDZ BiH (Union démocratique croate de Bosnie et Herzégovine), qui perturbe l’exercice de la démocratie à l’échelon local. Ainsi, de 2008 à 2009, tout compromis étant impossible entre ces deux acteurs politiques, le conseil municipal de Mostar s’est trouvé dans l’incapacité d’élire un nouveau maire. Si l’avènement de Ljubo Bešlić (HDZ BiH) à la tête de la municipalité fut possible en 2009, l’organisation de nouvelles élections municipales est régulièrement compromise depuis 2012, les deux partis refusant de s’entendre afin de modifier la loi électorale. Le SDA craint une montée de l’électorat de son adversaire et cherche à conserver sa position. Cette inquiétude pourrait être fondée: le 4 mai 2018, le mufti de Mostar Salem ef. Dedović a d’ailleurs dénoncé la montée du nationalisme croate à Mostar et la «pression» ressentie par les populations musulmanes.

Le jeudi 26 avril 2018 a été organisée une énième rencontre entre le SDA et le HDZ BiH. In fine, aucun accord aucun accord n’a été trouvé, au grand dam des opposants aux deux grands partis. Notamment des représentants de Naša Stranka (Notre parti), qui se pose comme l’alternative «citoyenne» aux deux grandes formations «ethniques». La ville de Mostar pourrait ainsi attendre encore deux ans avant l’organisation d’élections locales, ce qui risque de lasser l’électorat et de permettre à d’autres mouvements politiques (SBB BiH – Union pour un meilleur avenir – de Fahrudin Radončić, Naša Stranka, …) de gagner en crédibilité, voire au final de s’imposer.