Le 6 août 2025, la Commission électorale centrale (CEC) de Bosnie-Herzégovine a déchu Milorad Dodik de ses fonctions de président de la République serbe de Bosnie (RS), une des quatre collectivités territoriales bosniennes. Cette décision faisait suite au refus de l’intéressé d’appliquer les décisions du Bureau du Haut Représentant en 2023, puis à sa condamnation à six ans d’inéligibilité qui l’empêche de poursuivre son mandat. La CEC a également convoqué une nouvelle élection présidentielle en République serbe de Bosnie pour le 23 novembre.
Alors que, le 31 octobre, sera organisé le traditionnel débat semestriel du Conseil de sécurité portant sur la situation en Bosnie-Herzégovine, avec lecture du rapport du Haut-Représentant, M. Dodik pense que la présidence russe actuelle du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait jouer en sa faveur. C’est pourquoi le 2 octobre, il s’est déplacé au Forum Valdaï organisé à Sotchi. Il y a rencontré le président russe Vladimir Poutine, qui a convenu avec lui que la situation en RS est actuellement « compliquée ». Le dirigeant déchu a précisé à la sortie de l’échange que son hôte l’avait assuré de son soutien et continuait à le reconnaitre en tant que Président de la RS. Pour sa part, il aurait exhorté V. Poutine d’une part, à « ne pas exclure les Balkans » des négociations qu’il mène au plan international avec d’autres partenaires importants, notamment les États-Unis, et d’autre part, ne pas laisser les Allemands « contrôler » la situation dans cette région, car ils « ne sont pas favorables aux Serbes ». Lors de cette prise de parole, M. Dodik a qualifié les Occidentaux de « primitifs passionnés ».
Pour une partie des observateurs, le leader bosno-serbe recherche actuellement le soutien de la Russie qui pourrait éventuellement lui accorder l’asile si sa situation empirait, mais il est peu probable que le Kremlin maintienne longtemps ses bonnes relations avec lui après l’élection du nouveau président de la RS, car M. Dodik ne représentera plus une pièce maîtresse pour alimenter les tensions dans la région des Balkans.
Ne pouvant se représenter lui-même, le Président déchu a décidé de soutenir l’ancien ministre de la Police, Siniša Karan, lors de l’élection présidentielle du 23 novembre. Ce dernier est également le conseiller personnel de M. Dodik.
Sources : Mediapool, RTRS, Jutarnji, Dnevnik.
