Alors que les Européens s’efforcent désormais de retrouver une forme d’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, le Kremlin peut toujours compter sur certains de ses appuis dans les Balkans. Les dirigeants de la République serbe de Bosnie, fervents soutiens de Vladimir Poutine, souhaitent ainsi, depuis plusieurs années, que leur entité bénéficie du gaz russe.
Le 20 février, le Premier ministre de la Republika Srpska Radovan Višković (SNDS, formation du nationaliste russophile Milorad Dodik) a appelé le Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine pour lui demander d’adopter dans les plus brefs délais sa proposition de conclure un accord international avec la Serbie sur la construction de l’interconnexion gazière orientale. Selon l’intéressé, qui dénonce l’obstruction des autorités fédérales bosniennes sur ce dossier, le pouvoir central doit « arrêter d’entraver le projet de gazéification de la République serbe de Bosnie, qui est l’un des plus importants pour les projets stratégiques » de la collectivité territoriale. Le Premier ministre bosno-serbe souhaite que le règlement de ce dossier ne soit pas politique, mais économique, et que l’échelon fédéral privilégie ici le développement de la République serbe de Bosnie. Le gouvernement de Banja Luka menace de bloquer à son tour les projets de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, l’autre grande collectivité territoriale bosnienne, si le gouvernement fédéral refuse de prendre en compte sa demande de raccordement au réseau serbe.
La Bosnie-Herzégovine étant candidate à l’adhésion à l’Union européenne, la présidence fédérale s’est alignée sur les positions prises par Bruxelles, afin de montrer son engagement dans le camp occidental. Le projet de gazéification a dès lors peu de chance d’aboutir. Il permet toutefois à M. Dodik de créer une nouvelle polémique en jouant sur la peur inspirée aux Bosniens par leur propre dépendance énergétique et de conserver l’adhésion du vote nationaliste pro-russe.
Sources : Slobodna Bosna, Oslobodjenje
