Bulgarie : désistement des deux têtes de liste du MDL élues eurodéputés

Aux termes des élections européennes du 26 mai 2019, le Mouvement des droits et des libertés (MDL) a recueilli 16,55 % des votes, se plaçant ainsi en troisième position parmi les formations politiques bulgares de ce scrutin. Ce résultat lui permet d’envoyer trois eurodéputés à Bruxelles. De manière surprenante, au cours des trois jours suivants, les deux têtes de liste du MDL, Mustafa Karadayi, son président, et Delyan Peevski, homme d’affaires à la réputation sulfureuse, époux de la célèbre chanteuse de tchalga Tsvetelina Yaneva, se sont cependant désistées au profit de leurs co-listiers. Ce sont donc Ilhan Kicuyuk, Iskra Mihaylova (déjà parlementaires à Bruxelles) et Atije Alieva (dite Veli, directrice adjointe du Fonds national pour l'agriculture, organe chargé de la distribution des fonds de l'Union européenne) qui siègeront au Parlement européen.

Si pour l’heure le désistement de M. Karadayi ne suscite aucune polémique, celui de D. Peevski fait couler beaucoup d’encre. En effet, ce magnat de la presse est connu sur la scène internationale depuis juin 2013, lorsqu’il fut nommé au poste de directeur du DANS (Agence d’État de sécurité nationale) ce qui entraîna de nombreuses manifestations de rue dans l’ensemble du pays, le contraignant à démissionner. Député de l’Assemblée nationale bulgare depuis 2009, il est aussi régulièrement critiqué pour son absentéisme lors des sessions parlementaires, un comportement qu’il justifie par son travail sur le terrain auprès de ses concitoyens. Valeri Simeonov (Patriotes Unis, formation d’extrême droite) a d’ailleurs réagi aux dernières interventions de D. Peevski en indiquant devant un parterre de journalistes qu’il avait été surpris de ne pas l’avoir vu siéger au Parlement depuis longtemps.

De plus, c’est la seconde fois que le député du MDL se retire après avoir été élu eurodéputé : il avait eu la même réaction en 2014. Le 29 mai, il a justifié sa décision en indiquant que son pays avait besoin de lui en Bulgarie plus qu’à Bruxelles.

De nombreux médias expliquent le choix de l’oligarque par des pressions provenant directement de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), à laquelle appartient le MDL. De nombreux eurodéputés s’y seraient opposés à l’arrivée de D. Peevski et l’ALDE aurait même menacé d’exclusion le MDL.

Cherchant à justifier le choix du MDL de ne pas envoyer les têtes de liste alors que les électeurs avaient voté pour elles, D. Peevski, agacé, a dans un premier temps répondu qu’il (le MDL) « payait… », avant de se raviser et de poursuivre en indiquant que le parti « envoyait de gentils jeunes au Parlement européen ». La première partie de la réponse de l’homme d’affaires a laissé les médias dubitatifs.

Sources : Mediapool, Dnevnik, BTV (télévision bulgare), OFFNews.