Bulgarie : la municipalité de Dobrič opposée à l’ouverture d’un centre d’accueil de réfugiés

Par Stéphan Altasserre (sources : Kapital Daily, State Agency for Refugees of Bulgaria, Peticiq.com)

La Bulgarie peine, depuis près de cinq ans, à faire face à la pression migratoire à sa frontière Sud-Est et elle est devenue de par sa situation géographique un pays de transit des réfugiés originaires de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan. Aujourd’hui, ceux-ci affluent encore en grand nombre dans ce petit pays en vue de le traverser pour gagner ensuite l’Europe de l’Ouest.

Plusieurs centres d’accueil ont ouvert leurs portes (Sofia, Harmanli, Ruse, Strelča, Kovaćevci, Vraždebna, Păstrogor, Banja), mais leur capacité actuelle n’est pas suffisante pour contenir le flux des arrivants. Au cours de la seule année 2016, 19.418 étrangers ont déposé une demande d’asile en Bulgarie. L’hébergement d’urgence de ces populations entraîne en outre des problèmes de sécurité. Ainsi, une bagarre générale, à laquelle 800 personnes ont participé, est survenue au cours de l’été 2016 dans l’établissement d’Harmanli. La conséquence fut une prise de conscience par les autorités bulgares des risques inhérents à la surpopulation de ces centres.

Or tout laisse à penser que cette présence étrangère devrait encore s’accroître. Positionné à la frontière sud-est de l’Europe, le pays est souvent le premier de l’Union européenne à voir arriver les migrants en provenance du Moyen-Orient. Arithmétiquement aussi le nombre de personnes devrait augmenter, du fait de l’application systématique de la procédure de Dublin (III) qui implique que les demandes d’asile doivent être enregistrées par le premier pays dans lequel le demandeur est entré ou dans lequel il a été contrôlé. Ce qui ne préjuge pas de la présence effective de ces demandeurs sur le territoire bulgare.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement bulgare prévoit d’ouvrir de nouveaux centres d’hébergement. Trois projets sont à l’étude à Burgas, Jambol et Haskovo. Mais la multiplication des tentatives de passage en Roumanie à partir du nord-est de la Bulgarie a conduit les autorités à envisager d’ouvrir également un centre d’accueil dans la localité de Dobrič. Le 10 décembre 2016, les autorités roumaines ont par exemple confié à leurs homologues bulgares 17 migrants qui venaient de franchir leur frontière. Ces derniers faisaient partie d’un groupe de 36 Irakiens qui avaient fui le centre d’Harmanli. Parmi eux, 11 mineurs sont actuellement logés dans les jardins d’enfants de Dobrič, la capitale régionale, tandis que 10 femmes ont été placées en garde-à-vue dans la même commune.

Au début du mois de février 2017, deux conseillers municipaux (VMRO/Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure) de la ville ont proposé de mettre au vote une déclaration d’opposition au projet gouvernemental. Elle a été adoptée par 21 membres du conseil contre 27, puis mise en ligne le 10 février sur le site peticiq.com sous la forme d’une pétition contre l’ouverture du centre. Le 12 février, le maire a signé ce document qui, le 15 février, avait reçu 845 signatures.