Alors que les manifestations anti-corruption se poursuivent à Sofia, Plovdiv ou Varna et que les figures du mouvement annoncent un grand soulèvement populaire pour le 2 septembre 2020, le metteur en scène et directeur du Théâtre national dramatique de Toulouse Galin Stoev, a réagi aux événements en publiant sur les réseaux sociaux une lettre ouverte au Premier ministre Boïko Borissov le 25 août 2020. Cette missive a été largement relayée et reprise par la presse bulgare, alimentant le débat sur la nécessité de renouveler la classe politique bulgare.
G. Stoev y critique ouvertement la gouvernance du Premier ministre, lui signifiant qu’il n’a pas pris la mesure des enjeux actuels et de l’ampleur de la contestation. La crise sanitaire a entraîné le retour de jeunes actifs instruits qui, avec la jeune génération du pays, a formé « une masse critique capable de renverser» le gouvernement : cette présence est une chance énorme pour le processus de démocratisation, et ce sont bien les jeunes qui ont été les plus visibles dans les cortèges des manifestations.
Pour l’expatrié, B. Borissov, stratège populiste, a misé sur la faible solidarité et les divisions entre Bulgares. Cette logique a souvent fonctionné « au cours du règne » du Premier ministre mais, cette fois, elle est remise en cause. En outre, des images diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias, où B. Borissov se retrouve filmé dans des moments d’intimité compromettant ont fait basculer l’opinion, même si le politicien n’en a pas pris la mesure.
Habitué comme tout bon populiste à « violer systématiquement la loi », tout en « flirtant avec les peurs des gens », il ne s’est pas aperçu que la contestation s’était accrue, affectant une partie de la population passive jusque-là.
L’artiste interpelle enfin le chef du gouvernement en comparant son projet politique à l’entreprise mafieuse Cosa nostra, avant de rappeler que la victoire de la contestation ne pourra se faire qu’ensemble, par une large union populaire.
Le 29 août, lors d’un interview à BTV (Télévision bulgare), le metteur en scène a précisé ne pas avoir cherché à donner de leçons depuis l’étranger et ne pas regretter sa prise de position publique. Il a également indiqué ne pas avoir reçu pour l’heure de réponse de la part du Premier ministre ou de ses services.
Sources : Facebook, Kapital, Dnevnik, BTV, BNR.