Si la Bulgarie a été affectée par la crise mondiale de 2008 qui s’est traduite par une violente récession en 2009 (réduction du PIB de 10 %), sa situation économique s’est progressivement stabilisée avant de s’améliorer à partir de 2012. Grâce à la bonne santé actuelle de son économie nationale (3,1 % de croissance en 2018), les créations d’emplois sont en augmentation constante. Une étude de l’Institute for Market Economics portant sur un panel représentatif de 380 000 personnes a ainsi mis en évidence le fort taux d’occupation des actifs âgés de 20 à 64 ans (72,4 %), désormais supérieur à celui du Luxembourg, de la Belgique, de la France, de l’Espagne et de l’Italie.
Paradoxalement, le nombre d’actifs vivant sous le seuil de pauvreté (330 levs mensuels, soit 168 euros) ne cesse toutefois de s’accroître. Selon la Banque mondiale, en une décennie la proportion de travailleurs pauvres parmi les actifs est passée de 8 à 12 %. Il s’agit majoritairement de membres de la communauté rom, de populations rurales, de retraités exerçant encore une activité, de ménages dont l’un des deux parents est au chômage ou encore de familles nombreuses (comprenant des enfants ou des personnes dépendantes à charge). Tous sont employés dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de l’exploitation minière ou industrielle, domaines où ils exercent des métiers peu qualifiés. L’une des raisons de la croissance de ce profil d’actifs serait l’inadaptation des programmes des universités et des écoles professionnelles bulgares aux besoins des entreprises locales. Les diplômés ne trouvant pas de travail dans leur secteur, ils cherchent alors des emplois dans des branches d’activité pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés. Un exemple parlant est celui de la région maritime et touristique de Burgas, qui forme trop d’ouvriers agricoles, alors que ce secteur n’est pas très développé dans le district. Un autre facteur explicatif serait l’augmentation du nombre d’élèves « décrocheurs » dans l’enseignement secondaire.
Cette paupérisation est très inégalement répartie sur le territoire national : si on ne la perçoit presque pas à Sofia, elle est très représentative de l’évolution du marché du travail dans le nord-ouest de la Bulgarie (districts de Montana, où 46 % des actifs appartiennent à la catégorie des travailleurs pauvres, Vidin, Vratsa) et à Sliven. C’est ainsi que, au final, la Bulgarie reste le pays membre de l’Union européenne dans lequel la population est la plus menacée par les risques de pauvreté et d’exclusion.
Selon un rapport établi par des économistes bulgares pour le ministère du Travail, la situation devrait empirer d’ici 15 ans, lorsque l’emploi aura diminué de 6 % et que les écarts entre la demande des entreprises et les compétences de la main-d’œuvre n’auront cessé d’augmenter.
Sources : BGNES, Vesti, Ikonomist, DW, Times MK, Eurostat.