Depuis le début du mois de mars 2019, plusieurs chaînes de télévision bulgares populaires (BTV, Nova, etc.) ont réalisé des reportages sur la migration massive d'habitants de quartiers roms vers l’Allemagne (Dortmund, Coblence, Duisburg...) : de manière inhabituelle, ces films sont largement relayés dans la presse écrite et numérique, et font réagir la société civile sur les réseaux sociaux. La situation de la commune de Duisburg (district de Düsseldorf) est celle qui retient principalement l'attention : en effet, 11 à 12 000 ressortissants bulgares résident désormais dans les trois quartiers défavorisés de Marxloh, Rheinhausen et Hochfeld, où se trouvent de nombreuses friches industrielles. Pour rappel, près de 400 000 Bulgares vivent actuellement en Allemagne.
De fait, ces filières migratoires en provenance de Plovdiv, Stolipinovo (villes situées au sud-ouest de la Bulgarie) et Choumen (à l'est du pays) ont été mises en place dès 2007 par des membres de la communauté turque et turco-bulgare d'Allemagne. Ceux-ci emploient ces ressortissants bulgares turcophones clandestinement dans les restaurants, boulangeries ou usines de volailles leur appartenant contre un salaire dérisoire et un logement vétuste. Ils les aiguillent ensuite vers les services sociaux, afin qu'ils obtiennent le versement d'aides financières, notamment des fonds octroyés aux familles avec enfants. Ces dernières années, des Roms de confession protestante se sont également établis dans la ville allemande et deux grandes communautés se sont formées, rendant Duisburg encore plus attractive auprès de cette population.
En 2017, le gouverneur du district de Choumen et des associations roms (Amalipe, Fondation Iskra Roma...) avaient accueilli une délégation de la ville allemande dans le cadre du programme européen ROMACT, afin de travailler sur l'intégration de ces populations. Les autorités allemandes de Duisburg se sont progressivement organisées pour mieux accueillir et accompagner cette migration de masse en embauchant plusieurs interprètes déployées dans les jardins d'enfants, les services administratifs de la ville et de police. La ville manque cependant d'enseignants pour permettre une prise en charge efficace de l'éducation des enfants. Les arrivées qui se poursuivent génèrent localement des crispations et des actions violentes de la part de militants de l'extrême droite.
Sources : BTV, Nova TV, Trud, Deutsche Welle, BNR, DarikNews.