En Bulgarie, la hausse du prix du carburant est un facteur de mécontentement social important depuis 2013. En mars 2017, sous la pression du gouvernement, les entreprises qui négocient le carburant (Lukoil Bulgaria EOOD, Eko Bulgaria EAD, Shell Bulgarie EAD, OMV Bulgaria OOD, NIS Petrol EOOD et Petrol AD) avaient pris l’engagement de ne pas conclure d’accord visant à limiter la concurrence sur le marché intérieur bulgare. Certaines d'entre elles avaient pu, par le passé, recourir à cette stratégie pour augmenter les prix et leur marge bénéficiaire au préjudice du consommateur.
Le 13 novembre 2018, constatant la hausse récente du prix du carburant dans le pays, la Commission bulgare pour la protection de la concurrence a annoncé qu’elle lançait une analyse des marchés de la production et de la vente d'essence et de diesel pour vérifier si les engagements étaient effectivement tenus.
Cette annonce est intervenue dans un contexte social tendu, marqué par plusieurs rassemblements de masse pour protester contre la hausse des prix de l’essence. Malgré le communiqué rassurant de la Commission, des milliers de Bulgares ont continué d'occuper la voie publique dans plusieurs villes du pays, notamment à Pernik, Radomir, Dupnitsa et Blagoevgrad. Les forces de l’ordre avaient été déployées dans tout le pays pour limiter les débordements et les événements se sont déroulés dans le calme.
La grogne des usagers s'est poursuivie le 18 novembre avec une sixième journée de mobilisation. Dès le matin, plusieurs axes routiers ont été bloqués par des automobilistes en colère, à Haskovo, Svilengrad, mais aussi aux postes-frontières de Kapitan Andreevo, Kapitan Petko Voivoda ou Lesovo, près du village de Tenevo, coupant la circulation routière vers la Grèce et la Turquie. Environ 200 personnes ont également manifesté à Sliven et ont fermé l’autoroute Trakia, tout comme leurs homologues à Bourgas. À Razlog, 500 conducteurs ont bloqué temporairement la route de Bansko, pendant que 100 conducteurs à Pazardzik perturbaient certains axes locaux. D’autres actions contre la hausse des carburants ont été répertoriées sur le territoire : blocus de la route Lovech – Troyan, perturbation à Gotse Delchev (près de 300 personnes), à Teteven, Roussé, Haskovo…
Face à ces actions, le ministère de l'Intérieur a appelé la population à la prudence et rappelé que ses effectifs étaient mobilisés pour éviter toute tension entre manifestants et usagers de la route. La journée s’est achevée sans incident majeur, mais également sans entamer la détermination d'un certain nombre de manifestants, qui se sont dits prêts à renouveler prochainement ces opérations de blocage.
Sources : Dnevnik, Duma, Vesti