Le chanteur et compositeur ouzbek Sanjar Djavberdiev, alias San Jay, a affirmé dans une interview que l’administration musicale Ouzbekconcert l’avait enjoint à raser sa barbe s’il souhaitait recevoir sa licence, indispensable à l’exercice de son activité artistique.
Le chanteur quadragénaire, originaire de Navoi, a passé plusieurs années en Russie. Il chante en russe, ouzbek, tadjik… et, en 2010, a été déclaré artiste national de la République de Tchétchénie. Il est rentré en Ouzbékistan en 2016. Or, dans ce pays, l’activité musicale passe impérativement par l’obtention d’une licence annuelle qui permet notamment l’accès à la radio et à la télévision. Dépourvu de cette autorisation, San Jay s’est jusque-là contenté de diffuser sa musique à destination du public ouzbek via Internet.
L'artiste a donc déposé en septembre les documents exigés pour l’obtention de sa licence. Peu après, l’administration lui a demandé d’ajouter au dossier une photo de lui sans barbe. San Jay précise que sa demande de licence ne portait que sur la diffusion de sa musique à la radio et non pas à la télévision.
Le manager de l’artiste a rencontré le directeur d’Ouzbekconcert, Odiljon Abdoukakhorov. En vain puisque le bras de fer semble bien engagé désormais : « Qu’il se rase ou il n’obtiendra pas sa licence », répète l’administration ; « J’ai tout envoyé promener et décidé de travailler sur Internet, que faire d’autre ? », réplique San Jay.
O. Abdoukakhorov a expliqué que l’émission d’une telle licence relevait d’une décision collégiale prise par 15 professionnels connus du secteur musical : « Ils ont leurs critères : ils évaluent la qualité de la voix, de la musique, du texte, le talent. » Le chanteur devrait être convoqué par cette commission d’ici une quinzaine de jours mais le directeur d’Ouzbekconceret n’évoque pas, dans ses interviews, la question capillaire en jeu.
Pour rappel, il y a une dizaine de jours, une chanteuse ouzbèke s’est vue retirer sa licence et interdire un de ses clips jugé « absolument vulgaire ».
San Jay, lui, vient d’adresser une requête au Président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, lui demandant de prendre en compte sa demande. Et il s’interroge sur ce diktat anti-barbe, alors que les rues des villes ouzbèkes sont pleines de monuments à la gloire de grands hommes, de Tamerlan à Alicher Navoi pour ne citer qu’eux, tous représentés avec une barbe bien fournie. Il note également que des affiches ont fleuri dernièrement à Tachkent où Timati doit bientôt venir donner un concert : le rappeur russe porte, lui aussi, la barbe.
Pour écouter un morceau de San Jay.
Sources : Gazeta.uz, Ozodlik