D #25 : Edito

"Bonjour Madame, je voudrais du gigot d'agneau s'il vous plaît. Ah non Monsieur, ici c'est le magasin où il n'y a pas de pain ; pour le magasin où il n'y a pas de viande, c'est en face…" a-t-on malicieusement répété pendant des années au sujet de la nourriture et des approvisionnements dans ce qu'est aujourd'hui l'ex-URSS…

A l'heure actuelle, les pays d'Europe centrale et orientale connaissent des évolutions aussi diverses que variées qui posent autant de questions qu'elles ne soulèvent d'attentes et ne provoquent de spéculations quant au possible potentiel de développement marchand. La sphère marchande est en effet au centre des préoccupations d'une époque en train de connaître des phénomènes qualifiés par certains de "troisième révolution" - révolution des nouvelles technologies de l'information, de la "globalisation-mondialisation", de l'augmentation exponentielle d'une sphère financière toujours plus imposante dans ses dimensions et les volumes de capitaux engagés. Dans cet environnement euphorique qui tend à dégager des zones commerciales distinctes associées à des interactions régionales marquées (zone euro et Union Européenne, ALENA, ASEAN, etc.), l'intégration et le développement des "pays émergents" est européens apparaît comme un enjeu crucial dans l'équilibre des forces économiques mondiales ; les marchés d'Europe centrale et orientale obéissent clairement à cette logique d'intégration qui tente à redéfinir l'aire d'influence économique du secteur public mais surtout privé.

L'appréhension du fonctionnement des marchés alimentaires n'est donc pas une préoccupation vaine ; derrière la transformation de l'agriculture des pays de l'Est, derrière le problématique développement de marchés parallèles et d'un secteur informel handicapant, derrière les stratégies des entreprises agro-alimentaires et les multiples circuits de grande distribution aux mains de multinationales toujours plus présentes dans leur implantations mondiales diversifiées, derrière l'évolution et les débats sur les habitudes alimentaires des populations des pays de l'Est, c'est toute une logique d'anticipation de croissance et de profit, voire d'amélioration des échanges commerciaux, qui se dessine pour un XXIème siècle qui verra sans doute se produire, sinon une énième révolution, un bouleversement mondial certain des rapports entre populations longtemps opposées via leur appartenance à des systèmes antagonistes.

Dès lors, quel état des lieux est-on en mesure de dresser face au développement hypothétique des marchés alimentaires dans les pays de l'Est ? Comment les populations vivent-elles, au quotidien, les mutations et les attentes que leur fait miroiter l'appartenance future à l'Union Européenne ?

 

Vignette : Marché de Kouznetchny à Saint-Pétersbourg (Photo Credit: Pierre Andre Leclercq Flickr via Compfight cc)