D #49 : Edito

Parmi les poncifs attachés, dans l’imaginaire occidental, à la région est-européenne, celui d’un rapport spécifique aux boissons alcoolisées survit au temps et aux révolutions. Souhaitant s’interroger sur cette réputation, traquer la part de la réalité et celle du mythe, Regard sur l’Est s’est intéressé à la boisson au sens le plus large possible: alcoolisée ou pas, produite artisanalement ou industriellement, sur place, importée ou exportée, spécifique ou uniformisée…


Boissons à l'EstReflet d’une culture ancienne et de traditions préservées à travers les siècles, la boisson à l’Est prend presque valeur d’affirmation identitaire dans chacun des pays envisagés. On le voit dans les productions locales: de la vodka au koumys en passant par la rakija, la tuica, l’hydromel, le shoubat, le kompot, l’eau de Borjomi, le Kofola, l’Aryan, la boza, la bière ou certains vins locaux… ces boissons relèvent toutes du patrimoine national et de la fierté qui y est attachée. Tous ces noms n’ont pas forcément traversé les frontières avec suffisamment de vigueur pour être réellement évocateurs en Europe de l’Ouest, mais le voyageur en visite ne pourra pas faire l’impasse sur ces richesses.

Il est intéressant de constater dans quelle mesure ces breuvages nationaux résistent à la transition engagée depuis une vingtaine d’années et à la mondialisation qui l’accompagne.
La boisson, produit comme un autre, est désormais soumise aux lois du marché : prix, concurrence, réglementations sanitaires, campagne contre l’alcoolisme, etc. sont désormais son lot quotidien.
Mais la boisson, produit également très singulier, affiche quelques actes de résistance, obtenant statut d’exception ici, parvenant à demeurer économiquement plus accessible lorsqu’elle est produite artisanalement qu’industriellement ailleurs, opposant à la concurrence internationale une vigueur inattendue là encore…

Exception culturelle par excellence, la boisson à l’Est n’a sans doute pas dit son dernier mot.

Photo : Céline Bayou