Selon les expatriés eux-mêmes, 3 à 4 000 Bulgares résideraient actuellement dans l’agglomération bordelaise (à Bordeaux, Bègles, Mérignac, Pessac, Carbon-Blanc et Saint-Louis-de-Montferrand). Une grande partie de cette population est issue des minorités nationales (Turcs, Pomaks, Roms) et originaire de communes situées sur l’axe de l’autoroute bulgare A1 reliant Sofia à Tchirpan (habitants du district de Pazardjik, mais aussi de Stara et Nova Zagora ou de Haskovo).
Historiquement, ils se sont établis à Bordeaux dans le quartier Saint-Michel peu après leur arrivée au début des années 2000. Il suffit de passer en journée dans le secteur de la Porte de Bourgogne et de remonter les rues à partir de la place Bir Hakeim pour croiser le chemin de ces expatriés, fréquenter les commerces où ils travaillent (épicerie communautaire, boulangeries, restaurants, snacks, cafés...) À proximité, place Saint-Michel, un marché est organisé pour les produits textiles le lundi, pour l’alimentaire le samedi : certains Bulgares y déballent la marchandise sur les stands, d’autres y officient comme marchands ambulants ou vendeurs à la sauvette. Leur maintien dans ce quartier ne s’explique pas seulement par l’emploi fourni sur place, mais aussi et surtout par les logements peu coûteux et généralement insalubres où ils se logent, souvent auprès de marchands de sommeil.
D’autres trouvent refuge dans des bâtiments occupés illégalement, une solution moins onéreuse. En 2015, on estimait entre 500 et 600 le nombre de Bulgares vivant dans les squats locaux ; désormais, ils seraient plus d’un millier. Plus nombreux que les Subsahariens, les Roumains, les Albanais, les Géorgiens ou les Sahraouies, ils y représentent encore la première communauté étrangère vivant en squats (40 %, contre 75 % en 2015).
Beaucoup d’entre eux travaillent dans les domaines viticoles du département. L’une des solutions envisagées pour contrer durablement leur installation massive en squat est leur hébergement sur l’exploitation agricole qui les emploie. Un tel changement favoriserait la fluidité des mobilités saisonnières entre la France et la Bulgarie, car les ouvriers pourraient venir juste pour le temps des récoltes, avec à la clé des transferts économiques intéressants vers la Bulgarie qui pourraient favoriser son développement économique.
En attente de la mise en œuvre de ce qui reste encore une hypothèse de travail, des centaines de Bulgares se déplacent de squat en squat (Bordeaux Nord, quartier de la gare Saint Jean et le long de la rocade de Bordeaux). Après de nouvelles expulsions survenues en début d’année avant le début du confinement, un bâtiment accueillant près de 300 personnes a été récemment ouvert, allée de Boutaut à Bordeaux.
Sources : CIReB, entretiens avec des travailleurs sociaux, le tissu associatif bordelais et des membres de la communauté bulgare girondine.