Regard sur l’Est a choisi de s’intéresser dans ce nouveau dossier à la condition des femmes dans leur pays. Si être femme en République tchèque, même pour une rapatriée d’Ukraine, ne signifie pas la même chose que dans le Nord Caucase, on ne peut que remarquer, à la lumière de ces contributions, que des constantes s’imposent.
La présence des femmes en politique à l’Est est dérisoire, malgré quelques exceptions notables (la Lituanie avec sa Présidente, et de même qu’en Albanie, avec une présidente du Parlement); pour espérer accéder au pouvoir, les Roumaines usent de stratégies personnelles, les femmes mongoles préfèrent tenter des stratégies de groupe. En Pologne, l’idée de parité politique fait son chemin, tandis qu’il n’est pas question de parler de quotas en Géorgie.
Au travail, les femmes sont toujours victimes de discrimination, peinent à parvenir à des niveaux élevés de responsabilités, quand bien même leur niveau d’éducation est généralement meilleur que celui des hommes, en Europe centre-orientale du moins. Plus à l’Est, il est vrai, dans certaines régions isolées d’Asie centrale ou du Caucase, c’est encore la question de l’accès des jeunes filles à la scolarité ou aux études supérieures qui se pose.
La condition des femmes demeure préoccupante dans certains cas (au Tadjikistan, trop de femmes meurent encore des suites d’un accouchement; les jeunes filles azéries, en Géorgie, sont déscolarisées dès l’adolescence et soumises à des mariages arrangés). Et les questions qui concernent les femmes sont rapidement politisées, comme l’avortement en Pologne ou le port du voile en Bulgarie. Partout s’exerce le poids des traditions, la femme demeurant l’éternelle responsable de la famille et des tâches domestiques.
S’il reste des défis à affronter pour les femmes de l’Est, ces dernières ne sont pas sans ressources. Les femmes savent se mobiliser, s’engager en faveur de l’égalité des sexes, tant à un niveau national (comme en Russie), qu’international (coalition KARAT). Elles savent contourner les obstacles et participer au développement local dans leur pays en créant, par exemple, leur propre entreprise (Arménie, Pologne, Ouzbékistan). Certaines parviennent alors à gravir les échelons et à affirmer leurs points de vue sans complexes, quitte à ce que celui-ci dérange. Krisztina Morvai, en Hongrie, en donne l’exemple.
A l’instar de Vanda Juknaite, femme de lettres lituanienne, osons croire que les années à venir seront celles des femmes, en particulier des femmes de l’Est!
Photo : Trois femmes. Echmiadzine, Arménie © Evangéline Masson-Diez (www.15ans15pays.com)
