Par Céline Bayou (sources : EUObserver, Rossiïskaïa gazeta)
Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, présent en Russie dans le cadre du Forum économique de Saint-Pétersbourg qui s’est ouvert le 16 juin 2016, a déclaré qu’il a une «forte préférence pour les tubes qui unissent, plutôt que pour ceux qui divisent». L’allusion concernait le gazoduc Nord Stream qui lie la Russie et l’Allemagne via la mer Baltique et qui devrait être doublé à partir de 2018, portant la capacité des différents tubes de cette voie à 110 milliards de m3 par an.
Cette remarque a valu à son auteur une réponse chiffrée du responsable de Gazprom, Alexeï Miller, qui a énuméré les avantages du tube sous-marin par rapport à d’autres voies de transit et, tout particulièrement, par rapport à la celle qui traverse l’Ukraine. Selon A.Miller, d’ici 2020 et grâce aux travaux réalisés par Gazprom, les capacités de transit par l’Ukraine seront optimisées de 10 à 15 milliards de m3 par an. Pour cela, le monopole russe du gaz devra investir l’équivalent de 1,6 milliard de dollars.
Il n’en reste pas moins, selon les calculs de Gazprom, que le coût du transit via Nord Stream 2 s’avère plus faible que via l’Ukraine: le transport du gaz par la mer Baltique est évalué à 2,1 dollars pour 1.000 m3 et 100 km, alors qu’il est actuellement de 2,5 dollars par la voie ukrainienne. «On nous dit parfois que nous devrions faire transiter environ 30 milliards de m3 de gaz par an par l’Ukraine. Mais, pour Gazprom, cela signifie des dépenses supplémentaires d’exploitation de 25 à 43 milliards de dollars pour les vingt-cinq prochaines années», a estimé le pdg de Gazprom. Alors que, d’après lui et en se basant sur une demande stable ou croissante du client européen, le Nord Stream devrait permettre à l’entreprise, sur les vingt-cinq prochaines années aussi et après paiement des impôts, de dégager un bénéfice de 7 milliards de dollars.