Haut-Karabagh : inauguration du Centre russo-turc de surveillance du cessez-le-feu

Le 1er février 2021, le Centre russo-turc de surveillance du cessez-le-feu implanté dans le village azerbaïdjanais de Qiyameddinli, à 8km de la ligne de contact, est devenu opérationnel ; 60 militaires de chaque pays y sont affectés. La création de cette structure, décidée dans un mémorandum signé le 11 novembre 2020 par les deux ministres de la Défense, traduit la montée de l'influence au Caucase du Sud d’une Turquie qui a contribué militairement à la reconquête par Bakou d’une partie du Haut-Karabagh. Les discussions préalables, nécessaires pour définir la localisation et le mandat du centre conjoint, ont été jugées « très ardues » par le quotidien russe Kommersant, ce qui illustre les divergences entre protagonistes.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, la Russie a déployé un contingent armé au Haut-Karabagh, chargé également du contrôle de l'arrêt des hostilités. Aussi, Moscou a refusé que le Centre russo-turc soit installé en territoire contesté et a cherché à relativiser son rôle, alors que Bakou et Ankara souhaitaient qu'il soit situé au plus près de l'enclave pour qu'il puisse effectivement surveiller le cessez-le-feu. La Russie a aussi refusé que le personnel affecté au centre puisse se rendre au Haut-Karabagh, c'est pourquoi le contrôle du cessez-le-feu doit être assuré par « des drones et l'exploitation de données provenant d'autres sources ».

Bakou voit dans une participation turque à ce centre conjoint un contrepoids à la Russie, de nouveau présente militairement en territoire azerbaïdjanais. Quant aux Arméniens, ils s'inquiètent de l'influence de la Turquie et du rétablissement de sa présence militaire dans le sud du Caucase, formalisée pour la première fois depuis un siècle. Parallèlement, Ankara a pris une initiative diplomatique en proposant un format de discussion (« 3+3 »), visant à diluer le poids des pays co-présidents du groupe de Minsk (États-Unis, France, Russie), en y adjoignant la Turquie et l'Iran. Le Centre russo-turc servira donc de baromètre de l'évolution des relations entre acteurs régionaux.

 

Sources : Jamestown.org, Kommersant, Nezavissimaïa gazeta, Eurasianet.org.