Kazakhstan : interdiction de l’exportation des biens à double usage vers la Russie, ou pas?

Le 19 octobre, le vice-ministre kazakh du Commerce a déclaré à un journaliste lors d’une séance au Sénat que le pays venait de décider de restreindre ses exportations à destination de la Russie de biens pouvant être utilisés par l’industrie d’armement. Pour Kairat Torebaev, cette nouvelle réglementation faisait suite aux demandes des États-Unis et de l’Union européenne, gênés de voir les pays d’Asie centrale, notamment le Kazakhstan et le Kirghizstan, servir de places de contournement des sanctions imposées à Moscou depuis son invasion de l’Ukraine.

Le vice-ministre a précisé que 106 produits pouvant se révéler à double usage (composants électroniques, puces électroniques, composants de drones…) et provenant le plus souvent de pays étrangers ne pourraient plus être vendus à la Russie.

Cette annonce, intervenue quelques semaines après que le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaiev, invité à Berlin le 28 septembre par le Chancelier allemand au côté des chefs d’État des quatre autres pays d’Asie centrale, se soit engagé auprès d’Olaf Scholz à ce que son pays ne contribue pas à aider la machine de guerre russe en permettant le contournement des sanctions.

Or, le lendemain de l’annonce du vice-ministre, le ministère kazakh du Commerce et de l’intégration l’a démentie, la qualifiant d’« incorrecte » : « Aucune interdiction n’a été imposée sur l’exportation de marchandises vers la Fédération de Russie en lien avec les sanctions. […] Le commerce des biens dits ‘à double usage’, dont l’exportation est soumise à des contrôles, s’effectue conformément aux obligations internationales du Kazakhstan. », a fait savoir le ministère dans un communiqué. Il y est précisé que les relations commerciales entre le Kazakhstan et la Russie sont régies par les dispositions du traité sur l’Union économique eurasiatique. Dès lors, aucune interdiction d’exporter des biens dans le cadre des sanctions contre la Russie n’aurait été mise en place.

De fait, sous-entend le communiqué, puisque l’importation, le transit et l’exportation des biens à double usage sont soumis à un strict contrôle, toute réglementation supplémentaire s’avère superflue.

 

Sources : KazTag.kz, The Moscow Times, RFE/RL.