Par Anastasia Vinokourova (sources : Tengrinews.kz, kursiv.kz, gazeta.ru)
En visite officielle dans la région d’Akmola où il a rencontré des agriculteurs et représentants du secteur agro-alimentaire, le Président kazakh, Noursoultan Nazarbaiev, a tenu à soutenir ses interlocuteurs qui, selon ses mots, nourrissent le pays: «Le plus important, c’est que nous ayons à manger. Et que nous ayons à boire. Que nous puissions nous vêtir, que nous ayons un toit au-dessus de notre tête et que nous puissions chauffer notre logis. Nous avons tout ce qui nous est essentiel, indispensable», s’est félicité le chef de l’État qui ne s’en est pas tenu à ces quelques motifs de satisfaction.
En effet, il a aussi précisé que tous ces biens produits dans le pays «nous donnent la possibilité de vivre, travailler et nous occuper tranquillement. Tout le reste, par exemple les vêtements occidentaux, on peut vivre sans». Exit, donc, le foie gras et les bananes, produits nocifs pour les Kazakhs selon un Président mi-figue, mi-raisin qui a inclus les Land Cruisers dans sa liste des biens inutiles voire nuisibles au citoyen de son pays.
Quant aux représentants du secteur agro-alimentaire, ils ont dû se réjouir d’apprendre que tout est au mieux dans ce vaste pays où la saison agricole bat son plein: «Je crois que l’atmosphère va s’améliorer, nous aurons du pain, de l’argent et de la bonne humeur», a conclu le Président.
Au-delà de la farce, cette opération de communication n’est pas dénuée de desseins politiques dans un pays où, selon les dernières statistiques, on enregistre par exemple 2.989 automobiles haut de gamme de marques étrangères (dont 2.555 Porsche, 261 Bentley, 48 Rolls-Royce, 20 Ferrari, 15 Aston Martin, 11 Lamborghini et 1 Bugatti…) Le marché de l’automobile est d’ailleurs en pleine explosion (avec une croissance prévue de plus de 9% d’ici 2020, contre 2% aux États-Unis ou 4,5% en Chine) et l’on constate que les Kazakhs les plus fortunés cherchent à investir dans le luxe, le plus souvent étranger, plutôt que de déposer leur argent dans des établissements bancaires.
Conscient de ces tendances, le gouvernement kazakh a jusque récemment mené une politique d’investissements productifs, afin d’amener les Kazakhs à consommer des biens durables nationaux. Mais il avait quelque peu négligé le secteur alimentaire. Dès lors, les fruits et légumes sur le marché kazakh proviennent souvent d’Ouzbékistan, du Tadjikistan ou encore de Chine, du Kirghizstan et de Russie.