Le 24 septembre 2023, le vice-président de la Liste serbe (principal parti politique des Serbes du Nord Kosovo) Milan Radoičić, à la tête d’un groupe d’une trentaine de paramilitaires serbes, a organisé une attaque armée à Banjska et Zvečani, au cours de laquelle un policier du Nord Kosovo, Afrim Bunjaku, a été abattu. Les assaillants se sont ensuite réfugiés dans le monastère de Banjska, où se trouvaient 49 pèlerins venus s’y recueillir. Les unités spéciales du Kosovo ont alors donné l’assaut pour libérer ces otages, tuant lors de l’opération 4 paramilitaires serbes. Les forces de sécurité intérieure ont procédé à 8 arrestations pour terrorisme ; les pèlerins ont pu être évacués sains et saufs, pendant qu’une dizaine d’assaillants réussissaient à fuir en direction de la Serbie. La police kosovare, appuyée par les unités de la KFOR et d’EULEX, a découvert sur place de nombreux armements laissés derrière eux par les hommes de M. Radoičić : de la dynamite, 54 obus de mortier de 82mm, 88 grenades de 62mm, 75 grenades à main, 29 lance-roquettes antichars, 7 lance-roquettes usagés, 8 mines antichar et plus. Dans le même temps, des documents appartenant au chef des mutins ont été retrouvés dans une des voitures saisies. Le bureau du procureur spécial de Pristina a été saisi de l’enquête.
M. Radoičić a été blessé au cours de ces événements et se trouve actuellement en Serbie, où il a reçu des soins médicaux. Cet homme d’affaires, né au Kosovo, possède quatre entreprises en Serbie principalement dans le secteur de la construction. L’intéressé est un proche du président Aleksandar Vučić, d’où son retour sur le territoire serbe. Depuis plusieurs années, il est soupçonné de corruption par le Royaume-Uni, qui l’a placé sur sa liste noire et le considère comme un criminel.
En réaction aux événements, le nationaliste Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie et proche de Belgrade, a décidé d’organiser un jour de « deuil national » et les drapeaux ont été mis en berne le 27 septembre en l’honneur des paramilitaires serbes morts quelques jours auparavant. Une décision aussitôt dénoncée par Albin Kurti, le Premier ministre du Kosovo. Par ailleurs, le gouvernement du Kosovo a précisé par communiqué que « la police du Kosovo continuerait de travailler, dans le but de préserver l’ordre constitutionnel, en assurant la sécurité du pays et des citoyens sans distinction ».
Au cours des derniers jours, la presse bosnienne a comparé cet assaut et les tensions qui l’ont suivi à l’attentat de Sarajevo qui avait entraîné la Première Guerre mondiale. Pour de nombreux observateurs, les Balkans restent une poudrière et les tensions ne sont pas près de cesser dans la péninsule.
Sources : ATA, Nova TV, Danas.