Kosovo : tensions dans le Nord Kosovo

La minorité serbe du Kosovo installée dans le nord du pays compte actuellement près de 10 000 individus. Au sein de ce groupe, les propriétaires de véhicules ont conservé leurs immatriculations serbes, car ils ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina. Cette pratique étant illégale, depuis le 1er novembre 2022 le gouvernement kosovar procède à la ré-immatriculation de ces berlines et fourgonnettes. En réaction, les représentants serbes des municipalités des enclaves serbes de Zvecan, Leopsavic, Zubin Potok et Mitrovica Nord ont massivement démissionné.

Avant les élections convoquées dans les municipalités concernées le 18 décembre, afin de renouveler les représentants démissionnaires, un regain de tension a été observé, d’une part entre Serbes du Kosovo et Kosovars, et d’autre part entre Pristina et Belgrade, accusé d’être à l’origine des vives réactions des membres de la minorité serbo-kosovare. Pourtant, sous la pression de Bruxelles, un accord signé le 23 novembre entre Belgrade et Pristina avait apparemment permis de mettre fin à cette querelle.

Mais, le 6 décembre, les locaux des représentants des commissions électorales locales ont été dégradés par l’usage de grenades datant de la période socialiste. En réaction, des barricades ont été dressées sur certaines routes de l’enclave serbe.

Selon le ministère kosovar de l’Intérieur, le 8 décembre, un policier, Ekrem Neziri, a été blessé par balle par des Serbes dans la municipalité de Zveçan. Les autorités serbes contestent cette version des faits, indiquant que le policier s’est blessé seul en se cognant à une fenêtre. Le président nationaliste Aleksandar Vučić, jetant de l’huile sur le feu, n’a pas exclu d’envoyer des forces de sécurité serbes au Nord Kosovo pour assurer la sécurité des élections.

Le 13 décembre, Gabriel Escobar, le représentant spécial de l’Union européenne pour le dialogue Kosovo-Serbie, a déclaré que Bruxelles s’opposait à un retour de l’autorité serbe et que le gouvernement kosovar, dont les effectifs participent activement à la KFOR (Force pour le Kosovo), était en mesure de ramener le calme. Il a jugé que Pristina avait la confiance et le soutien des États-Unis, laissant entendre que Washington garantissait son intégrité territoriale. Au cours des derniers jours, les autorités kosovares ont multiplié les opérations de police et les interpellations à la suite des troubles survenus dans le Nord Kosovo.

Sources : Slobodna Bosbna, Albanian Post, Bolja Bosna, Euractiv.