La guerre menée par la Russie en Ukraine a eu pour effet, depuis février, de baisser la pression aux frontières des pays baltes qui ont vu diminuer le dispositif militaire russe déployé à leurs portes. Selon le capitaine Taavi Laasik, du service de presse des Forces estoniennes de défense, un très grand nombre de personnels et d’équipements de ces unités russes précédemment déployées à proximité de son pays ont été mobilisées en Ukraine. Décimées, les unités déployées aux frontières de l’Estonie, manquent désormais d’effectifs et de capacités. D’après les sources estoniennes, les effectifs de la division de Pskov auraient été divisés par trois et les prisons se vident, les détenus étant soit envoyés au front soit réquisitionnés pour travailler dans des usines d’armement.
Selon Kalev Stoicescu, chercheur au Centre international pour la défense et la sécurité de Tallinn (ICDS), il ne resterait que 2 000 soldats au maximum au sein de la division aéroportée de Pskov (la plus proche de l’Estonie), contre 7 000 personnels avant le 24 février. Les hélicoptères de combat qui avaient été installés sur cette base en auraient été sortis. Selon le chercheur, si la Russie tente de masquer ces modifications, par exemple en annonçant des exercices de presque six mois dans la région ou en remplaçant 11 bombardiers stratégiques TU-95 et TU-160 en Carélie du Nord (près de la frontière avec la Finlande et la Norvège), ces stratagèmes ne font pas illusion.
Déjà en septembre, un média finlandais avait fait état du retrait d’une grande partie des missiles S-300 destinés à la défense de Saint-Pétersbourg (des photos satellites montrent que 4 des 14 bases de défense aérienne autour de la ville ont été vidées). Ces missiles, proches de leur date d’expiration, auraient été envoyés en Ukraine, tandis que n’auraient été laissés à proximité de Pétersbourg que les missiles S-400, plus modernes.
Il ne s’agit donc pas de baisser la garde dans la région baltique : lors du Forum transatlantique de l’assemblée parlementaire de l’OTAN qui s’est tenu à Washington début décembre, le chef de la délégation estonienne Mati Raidma a d’ailleurs rappelé l’importance de ne pas approcher la région baltique sous deux flancs, Est et Nord, mais de veiller à une approche globale. Les objectifs de la région, à savoir protéger des valeurs communes et la démocratie, ne pourront être atteints que si celle-ci est appréhendée comme un tout, dans un monde de plus en plus imprévisible, a estimé M. Raidma. Il a en outre souligné que la dimension arctique de la région allait immanquablement gagner en importance dans la politique de sécurité de l’OTAN.
Sources : The Baltic Times, Postimees, YLE.