Le cinéma russe à bout de souffle

Le cinéma russe a bien du mal à s’imposer sur les grands écrans.


La télévision offre une place non négligeable aux téléfilms et feuilletons russes contemporains : on tourne actuellement en Russie 300 à 350 séries par an. Mais dès qu’il s’agit de films, les chaînes ont recours aux grands classiques du cinéma soviétique : comédies des années 70 pour le Nouvel An, films de guerre pour le 9 mai. Le cinéma russe cherche de nouvelles voies, mais surtout des distributeurs !

L’actualité cinématographique du printemps s’est concentrée autour de la bataille des prix cinématographiques. Alors que se préparait la soirée des “Nika“, les Césars russes nés il y a 15 ans, Nikita Mikhaïlkov, président de l’Union des cinéastes, a décidé de créer sa propre académie du cinéma. Cette nouvelle institution concurrente attribuera chaque année son propre prix, les “Aigles d’or“. D’aucuns pensent que cela fait beaucoup de prix pour peu de films... Et il s’en est fallu de peu pour que la retransmission des “Nika“ ne soit annulée.

C’est Alexandre Sokourov qui a reçu le Nika du meilleur film pour Taurus. Sur un mode documentaire, le film décrit minutieusement et tout en lenteur la mort de Lénine. Il fait parti d’une trilogie : le second volet porte à l’écran les derniers instants de Hitler et d’Eva Braun dans leur bunker berlinois ; le troisième, la mort de Staline. Comme nous le fait remarquer Viatcheslav Schmyrov, représentant de l’Union des cinéastes “Il est remarquable que la majorité des prix ait tout de même été attribuée au film de Sokourov. On a pourtant affaire ici à un milieu conservateur, avec des idées très traditionnelles de ce qu’est l’Art. C’est l’opinion mondiale qui a pesé : Taurus a été présenté à Cannes et primé. Et puis, à part Sokourov, personne ne fait du cinéma d’auteur “.

Où en est le cinéma russe ?

Le principal problème du cinéma russe reste la distribution en salle. La réalisation, elle, progresse : en 2000, 61 films ont été réalisés, en 2001, plus d’une centaine, chiffre comparable à la production cinématographique du temps de l’URSS. Mais parmi ces films, moins de dix seront projetés dans les salles. Le cinéma russe ne représente que 7 % des entrées annuelles. Le poids du marché vidéo pirate handicape fortement le marché du cinéma. A quoi bon payer une place de cinéma 150 roubles quand le prix d’une cassette pirate ne dépasse pas les 100 roubles ? En 1999, près de 180 millions de cassettes ont été vendues sur le marché noir, rapportant ainsi 792 millions de dollars.

Par Galina FILONENKO