Les deux revers d’une même médaille

Dans les années trente, l'Oural semble l'objet d'une forte mobilisation. Vitrine de l'économie socialiste avec ses grands chantiers, cette région est aussi le lieu où de nombreuses vies ont été sacrifiées au nom d'un avenir radieux.


De l'Oural à la Sibérie

Dans l'imaginaire soviétique, l'Oural apparaît souvent comme un territoire hostile qui a été conquis par les Bolcheviks. La révolution de 1917 a amené le siècle de l'urbanisation: la ville devient, dès lors, un agent de civilisation. Elle joue un grand rôle dans le processus géopolitique de colonisation du territoire intérieur.

Contrairement à la Russie tsariste, l'URSS tente de s'adapter à sa continentalité: elle privilégie le développement de grands complexes à l'intérieur de son territoire. Ainsi, la conquête de l'Oural devient une priorité. Par ailleurs, à la fin des années vingt, Le pouvoir élabore un système de représentations dans lequel domine l'image d'un homme ("l'homo sovieticus") plus fort, plus travailleur, plus moral, qui sait dépasser ses limites. La domination de la nature est au cœur de cette doctrine. Il n'est donc pas étonnant que les dirigeants soviétiques décident de s'attaquer à la steppe, symbole d'un espace apparemment sans borne qui incarnait l'impuissance des hommes face à la nature.

1929, en URSS, est l'année du "Grand tournant": dans le cadre du premier plan quinquennal, le développement de l'industrie lourde est prioritaire, obtenant près de 78% des investissements en capital. Le fer et l'acier deviennent ainsi les "symboles vénérés de la détermination bolchevique"[1].

La construction et le fonctionnement du complexe métallurgique de Magnitogorsk, sur lesquel nous reviendrons plus tard, illustrent très bien la politique volontariste exprimée par le Centre. Ce combinat est l'une des vitrines les plus célèbres de l'âge d'or de l'industrie soviétique. Sa construction est révélatrice de quatre phénomènes de l'époque: la transformation sociale du pays, la planification, le développement de l'industrie lourde et enfin, la volonté de maîtriser l'espace, argument le plus utilisé par la propagande. "La steppe recule!" était l'un des nombreux slogans affichés à l'entrée de la ville de Magnitogorsk, créée ex nihilo autour du combinat. La naïveté de ce slogan révèle une des ambitions soviétiques: faire de l'Oural une étape de la reconquête de la Sibérie. Alors que les Ukrainiens, prétextant l'isolement de Magnitogorsk, souhaitaient voir l'installation de l'usine dans le Donbass, les responsables du Conseil Suprême de l'Economie Nationale (VSNKh) confirmèrent leur choix: l'usine resterait en Oural, pour servir de base à l'industrialisation de l'Est. Le chantier de Magnitogorsk à peine ébauché, un autre projet démesuré est lancé: celui du combinat de Kouznetsk. Les deux combinats, bien que séparés par près de 2000 km, doivent être reliés par voie ferrée afin que le second alimente le premier en charbon. A son tour, Kouznetsk deviendra un des plus grands combinats de Sibérie occidentale.

"Ils construisaient un géant" (Ehrenbourg)

Parmi les quatre combinats construits en Oural[3], Magnitogorsk était le plus important et le plus grandiose. Son installation fut déterminée par les ressources en magnétite de l'Oural. Ce combinat est un véritable mythe à lui seul, censé incarné, en apparence, une réussite voulue et programmée par le Centre. Le 19 mai 1927, le VNSKh engage une firme de Chicago, la "Henry Freyn and Co" pour dessiner les plans de l'usine, selon un modèle américain, construit auparavant à Gary, dans l'Indiana. En 1929, le projet est terminé, mais pour diverses raisons, il ne sera jamais réalisé.

Après l'examen d'autres candidats, la firme "Arthur McKee and Co", de Cleveland, est choisie en 1930. En plus des plans d'usine, la firme doit fournir des responsables de travaux qui resteront jusqu'à l'ouverture du site. Le contrat est négocié pour deux millions de roubles-or. Les attentes sont à la hauteur des investissements puisqu'en 1928, la "branche Oural" de VSNKh prévoit la production de 650 000 tonnes de fer. Ambitieuse et fidèle au célèbre mot d'ordre "dognat i peregnat" (rattraper et dépasser)[4], elle en exige 2,5 millions en 1930.

Mais dès le début de la construction, les travaux prennent du retard: en 1930, leur progression est arrêtée à la suite d'un incendie et surtout en raison de purges parmi les ouvriers. De plus, le site dépend d'une unique voie ferrée construite en 1926. L'absence de charbon ralentit également le chantier: le combinat Oural-Kouznetsk devait être construit pour combler ce manque.

Le chantier de Magnitogorsk, comme tous les grands chantiers, a aussi souffert de l'incompétence des organes dirigeants qui, pour satisfaire les normes et la ligne directrice, prennent des décisions difficilement réalisables. Dès 1930, les autorités choisissent d'accélérer le rendement du plan. "Les objectifs deviennent des "défis" que les entreprises "d'avant-garde" doivent relever, en présentant des "contre-plans" réalisés grâce à "l'émulation socialiste" entre les brigades de chocs (oudarniki)"[5].

Toutes ces pressions du Centre ont tendance à désorganiser la production. Comme le souligne le témoignage d'un komsomol[6], le chantier de Magnitogorsk ne pouvait évoluer de manière efficace du fait d'une absence totale de gestion et de répartition des tâches. En outre, comme tous les chantiers et entreprises dépendaient les uns des autres, le retard pris par certaines entreprises empêchait les autres d'avancer. Pour faire face à toutes ces pénuries, le Centre a notamment dressé une liste de chantiers prioritaires, sur laquelle l'Oural figure en bonne place. En effet, le combinat de Magnitogorsk, celui de Kouznetsk, ainsi que l'usine à tracteurs de Tcheliabinsk, devaient bénéficier d'approvisionnements prioritaires en matières premières, équipements et forces de travail. Malgré cette organisation, les pénuries subsistant, le plan quinquennal a été réalisé dans l'improvisation la plus totale.

Dans le cas précis de Magnitogorsk, il faut aussi tenir compte des problèmes de la direction locale. Ce n'est qu'après de multiples changements que le directeur est choisi en 1930: il s'agit de C. Ildrym, le premier commissaire à la marine en Azerbaïdjan. Sa fonction ne l'avait guère préparé à la gestion d'un site métallurgique. Terminé officiellement au début de l'année 1932, le combinat ne fonctionna pleinement qu'à partir de 1933, après de nombreux incidents. Ce phénomène est aussi remarquable à Kouznetsk. Les autorités étaient tellement soucieuses des dates, qu'elles préféraient une usine mal construite à une usine non terminée. Le respect des normes journalières, l'émulation puis le stakhanovisme (plus tardif) ont contribué à l'édification d'une doctrine dont le but était la réussite à tout prix: c'est aussi ce que symbolise l'Oural.

Le président de la fondation Mémorial, qui enquête sur les crimes du stalinisme, revient sur ce phénomène: son discours dénonce l'illusion des grands chantiers, de ces "géants". Les affiches de l'époque, les slogans, les textes soulignaient l'euphorie qui régnait sur les chantiers: c'est sur un fond apocalyptique que se jouaient ces scènes victorieuses. Tous les regards devaient être tournés vers l'avant. La propagande était quotidienne, l'URSS vivait dans un perpétuel état de tension.

Les conditions de vie

La composition de la main d'œuvre employée sur les grands chantiers d'Oural est comparable à celle utilisée sur les autres grands chantiers soviétiques.
Sabine Dullin décrit la composition de la main d'œuvre du chantier de Magnitogorsk. La population urbaine de l'Oural ayant brusquement augmenté, les autorités auraient dû mettre en place toutes les structures nécessaires à l'accueil de ces personnes. Mais les dirigeants laissèrent ces familles, ces hommes et ces femmes, vivre et travailler dans des conditions de dénuement total. Les travailleurs n'avaient pour seul toit que des tentes ou des baraquements précaires, locaux dépourvus de chauffage et d'électricité. Que ce soit à cause des épidémies, d'une mauvaise hygiène, du manque de nourriture, ou encore du froid, des milliers de personnes ont péri. Les maladies, comme le typhus, ont trouvé un terrain propice dans la ville nouvelle de Magnitogorsk: le manque d'e équipements sanitaires, la qualité de l'eau, les bains publics ou encore la promiscuité ont aidé à leur propagation. Sur le chantier, le taux de mortalité infantile dépassait les 20%.

Dans le district de Berezka, les autorités, quant à elles, jouissaient de maisons spacieuses et de magasins bien approvisionnés. Les chefs du NKVD, l'élite locale du Parti ou encore les chefs des usines et des administrations se faisaient conduire par leurs domestiques en Ford.

A Kouznetsk, la situation a évolué de manière identique. Dans le Deuxième Jour de la création, l'écrivain Ilya Ehrenbourg relate la construction du combinat de Kouznetsk, à laquelle il a assisté. En filigrane d'un roman épique empreint de l'idéologie socialiste, se révèle un véritable reportage sur les conditions de vie dans ce grand chantier. L'impression que laisse ce roman est celle d'une victoire mitigée. La fuite en avant, l'agitation, le mouvement et la réussite sont des thèmes privilégiés: ces mêmes thèmes ont concouru à la construction du mythe des grands chantiers.

La présence d'étrangers sur le chantier a aussi apporté sa pierre à l'édification du mythe. Ces travailleurs sont ébahis devant le mode de vie des Soviétiques. Leur regard souligne le caractère incroyable, surhumain de la performance soviétique. Selon Ehrenbourg, "Tous les étrangers disaient: la construction d'une telle usine exige non pas des mois mais de longues années. Moscou disait: la construction de l'usine ne doit pas demander des années, mais seulement des mois. Chaque matin, les étrangers avaient une grimace étonnée: l'usine grandissait."

Ehrenbourg décrit aussi les conditions de travail sur le chantier. Il raconte les accidents, parfois mortels, dus à l'incompétence des chefs et des ouvriers ainsi qu'aux rythmes de travail. Sa description des conditions de vie sur le chantier est terrible: selon lui, certains hommes vivaient comme des bêtes -dormant parfois à même le sol, construisant une termitière pour passer l'hiver-, et travaillaient même en hiver lorsque la température descendait en dessous de -40°. On comprend mieux que le taux de mortalité sur les chantiers d'Oural n'ait cessé d'augmenter.

Le témoignage d'Ehrenbourg vaut aussi pour le chantier de Magnitogorsk, car si les noms et les lieux changent, la démesure et la fuite en avant demeurent les mêmes. "Chaque jour, de longs trains arrivaient à toute vapeur. Les hommes débarquaient près de la petite baraque qui s'intitulait "gare". Le vent jetait aux yeux de la poussière en été, de la neige en hiver. Et, clignant douloureusement leurs paupières, les hommes, par les terrains vagues, se dirigeaient du côté où grondait la Construction.".

Le coût humain de Magnitogorsk fut très élevé. Jacques Rossi évalue le nombre de détenus sacrifiés à 22 000. Ce chiffre ne donne qu'une toute petite idée de l'ampleur des pertes humaines: il faut aussi penser aux travailleurs libres, aux membres des familles, etc. Il est encore difficile d'obtenir des données précises dans ce domaine, les archives complètes et objectives faisant défaut. Une chose est sûre: fidèles à la propagande et au mythe de l'Oural, "en mourant si vite, les hommes continuent à courir en avant".

La Vichéra, ou comment tout a commencé

Le second revers de la médaille socialiste en Oural est plus méconnu que l'autre: il ne fut pas exploité par les services de propagande. Cependant, de plus en plus d'historiens se penchent sur ce phénomène qui toucha de près ou de loin tous les Soviétiques: la déportation. Les travailleurs de l'Oural étaient, en grande partie, des déportés: soit des colons spéciaux, soit des détenus (politiques ou de droit-commun). Ainsi la fondation Mémorial effectue aujourd'hui, en Oural, un véritable travail de recherche, afin que la mémoire collective n'occulte pas ces années difficiles.

L'écrivain Varlam Chalamov[7] est principalement connu pour son témoignage sur la Kolyma (Sibérie orientale), où se situait l'un des plus grands ensembles concentrationnaire. Mais cet homme a aussi passé quelques années (de 1929 à 1931) dans une des filiales du premier camp de concentration de l'URSS: la Vichéra. Ce camp, du nom de la rivière du Nord-Ouest de l'Oural, était le quatrième secteur du SLON (camp à destination spéciale des Solovki, crée en 1925).

En 1929, alors que le SLON est encore le seul camp d'URSS, E. G. Schirvindt annonce la création des "camps de travail correctifs", pour les condamnés à trois ans ou plus. Il explique clairement que les détenus sont une main d'œuvre non qualifiée dont l'Etat a besoin pour les grands travaux du premier plan. L'OUSLON (Direction des camps à destination spéciale des Solovki) devient alors l'OUVITL, c'est-à-dire la Direction des camps de rééducation par le travail de la Vichéra.

Le but du Vicherlag[8]est "la mise en exploitation socialiste de l'usine de la Vichéra, et de l'usine chimique de Berezniki, datant du début du siècle"[9]. Comme tant d'autres, Chalamov a bien été utilisé dans l'Oural à des fins économiques: il appartient à ce groupe d'hommes sans lequel tant de grands projets n'auraient pu être réalisés. Dans les régions comme le Nord de l'Oural, dont les conditions naturelles sont assez hostiles, cette main d'œuvre était idéale du fait de son faible coût et de sa malléabilité. Elle était d'autant plus utile qu'à la fin des années vingt, l'Oural manque cruellement de main d'œuvre.

Dans le cadre du premier plan quinquennal, un projet pilote d'exploitation de la région de la Vichéra est lancé par Berzine[10]. Parmi les détenus, on trouve notamment des ingénieurs issus des premiers procès intentés pour sabotage. Le témoignage de Chalamov révèle l'importance et la nécessité de leur présence dans les usines, malgré leur condamnation très mal considérée. Le premier objectif du camp est devenu la satisfaction des normes du plan: entre Goulag et grand chantier, la frontière était mince. A partir de 1930, lorsque le camp loue ses ingénieurs détenus aux entreprises ou aux grands chantiers, le bénéfice est entièrement reversé au Centre. Une nouvelle fois, l'Oural est exploité à moindre coût.

En 1933, l'Oural sert encore de modèle à la conquête de la Sibérie lointaine: Berzine[11] est dépêché à la tête de la Kolyma. Chalamov a vécu sous son "ère", il écrit très justement, en pensant à l'Oural: "La perfection que j'ai trouvée à Kolyma n'était pas le produit d'un génie du mal. Tout s'était mis en place petit à petit. On avait accumulé de l'expérience." Pour lui, la "refonte"[12] a été d'abord expérimentée en Oural, puis utilisée sur tout le territoire[13]. "L'épidémie de la "rééducation-refonte" se déclara très vite. Les maisons de correction passèrent aux mains de l'Oguépéou et, selon les nouvelles lois, de nouveaux chefs s'en furent aux quatre coins du pays créer et créer encore de nouveaux départements du camp. Tout le pays fut recouvert d'un épais réseau de camps de concentration qu'on rebaptisa alors du nom de "camps de travail et de rééducation"."

 

Par Elena PAVEL

 

Bibliographie :
-KOTKIN, Stephen, Magnetic Mountain : Stalinism as civilization, Californie, University of California Press, 1995.
- EHRENBOURG, Ilya, Le Deuxième Jour de la création, Paris, Gallimard, 1933.
- ROSSI, Jacques, Le Manuel du Goulag, Paris, Le Cherche-Midi, coll. Documents, 1997.
- CHALAMOV, Varlam, Vichéra, Paris, Verdier, coll. Slovo, 2000.
- CHALAMOV, Varlam, Récits de Kolyma, Paris, La Découverte, rééd. 1986.

[1] Cf. l'ouvrage de Stephen Kotkin.
[2]Extrait de l'ouvrage d'Ilya Ehrenbourg.
[3] Pour plus de précisions, lire l'entretien accordé par Sabine Dullin à Rse.
[4] "rattraper et dépasser!", expression de Staline devenue célèbre et très utilisée lors du XVIe congrès de juillet 1930. "Nous sommes terriblement derrière les pays capitalistes avancés en ce qui concerne le niveau de développement de l'industrie". Et d'ajouter aussitôt: "Seule l'accélération ultérieure du développement de notre industrie nous permettra de rattraper et de dépasser les pays capitalistes avancés techniquement et économiquement". (Rapport politique au 16° congrès du P.C.U.S., 27 juin 1930, sotch., 12).C'est aussi lors de ce congrès que la construction du combinat Oural-Kouznetsk est décidée.
[5] Extrait de l'ouvrage de Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique, Paris, PUF, 1990.
[6] Voir le document d'archives joint au dossier.
[7] Le témoignage de Varlam Chalamov constitue un élément important de la littérature concentrationnaire. Cet ancien zek a en effet passé, au total, presque vingt ans de sa vie dans les camps. Il est arrêté une première fois en décembre 1929 pour avoir diffusé Le Testament de Lénine. Il est alors envoyé en Oural jusqu'en 1931, année de sa libération. En janvier 1937, il est à nouveau arrêté pour activité trotskiste et contre-révolution (une des pires accusations de l'époque). Cette fois, il part pour la Kolyma, qu'il ne quittera officiellement qu'après 1956, date à laquelle il est réhabilité. [8] En russe, camp se dit "laguer" (le mot provient de l'allemand). Généralement, les camps étaient nommés par un diminutif se composant d'une partie du nom de la région dans laquelle le camp était implanté, et du suffixe "lag". Ainsi, le camp de la Vichéra se nomme le Vicherlag (on trouve parfois Vichlag), le groupe de camps de la ligne Baïkal-Amour, le Bamlag, etc.
[9]Annotation de Sophie Benech, traductrice de nombreux ouvrages de Varlam Chalamov.
[10] Cf. les ouvrages de Varlam Chalamov.
[11] Edouard Petrovitch Berzine (1894-1938). Pendant la Première Guerre mondiale, se forment au sein de l'armée tsariste des détachements lettons dont un bon nombre passe en 1917 du côté des Bolcheviks. L'officier Berzine en fait partie. Il rejoint la Tchéka et travaille aux côtés de Dzerjinski. En 1934, il est décoré de l'ordre de Lénine, comme tous les grands chefs des premiers camps, et, comme eux, il est arrêté en 1937, fusillé avec tous ses collaborateurs, puis réhabilité en 1956.
[12] On nomme ainsi la rééducation, par le travail des ennemis du peuple.
[13] L'exemple le plus célèbre est la construction du canal reliant la mer Blanche à la Baltique (Belomorkanal). Entre 1931 et 1933, 280 000 détenus, exclusivement, travaillent sur ce chantier. N'ayant pas été creusé assez profondément afin d'être inauguré à temps, le canal ne sera jamais utilisé. Il aurait coûté la vie à plus de 100.000 personnes.