Les mobilités des Roms de Bulgarie face aux difficultés du monde agricole européen

Depuis l’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne, plusieurs dizaines de milliers de ressortissants bulgares appartenant à la communauté rom se sont expatriés à l’Ouest, notamment en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni, où ils travaillent sur les exploitations agricoles locales. Certains ont également été embauchés dans des fermes allemandes.

Or, le contexte inflationniste lié à la guerre en Ukraine affecte la production agricole de ces quatre pays. En Angleterre et en Allemagne, à la suite de la hausse des prix de l’électricité et des engrais, de nombreuses entreprises agricoles ont drastiquement réduit leur production. En Italie, les cultures sont en outre menacées par la sécheresse hivernale. Ainsi, les besoins en main-d’œuvre agricole ont considérablement diminué et les travailleurs étrangers saisonniers comptent parmi les premières victimes collatérales.

C’est notamment le cas des travailleurs roms provenant de Bulgarie. Faiblement qualifiés, ils sont régulièrement embauchés pour de courtes périodes dans la cueillette, le ramassage ou l’emballage des produits agricoles. S’ils n’ont pas acquis de savoir-faire technique dans la taille des arbres fruitiers, de la vigne ou en tant que tractoristes, ils ont désormais davantage de difficultés à trouver un emploi, malgré leur extrême mobilité géographique.

Dans le même temps, l’accès à l’emploi de ces populations ne semble pas s’être significativement amélioré en Bulgarie et, en conséquence, les jeunes de la communauté rom continuent à s’expatrier.

Depuis les années 2010, la France accueille elle aussi quelques-unes de ces familles émigrées. Malgré la diminution récente de l’allocation chômage, prévue par la réforme de l’assurance chômage et qui affecte directement ces actifs, ils n’ont pas forcément intérêt à quitter les régions françaises où ils sont installés (Deux-Sèvres, pays de la Loire, Moissagais, Nord Toulousain, Bordelais…) et où ils ont tissé des relations privilégiées avec certains exploitants agricoles et peuvent bénéficier d’aides financières, ainsi que d’un accompagnement social et associatif.

Sources : entretiens avec des membres de la communauté bulgare expatriée en Europe occidentale.