Les familles visitant les défunts enterrés dans les trois cimetières de Skopje savent à quel point le manque de place y est alarmant. La proximité entre les tombes les empêche même parfois de se recueillir dans l’intimité appropriée, dès lors que plusieurs familles aux emplacements voisins effectuent leurs visites mortuaires en même temps. La situation du cimetière de la ville de Butel (rattachée à la commune de Skopje) est la plus préoccupante, car certaines tombes sont d’ores et déjà difficilement accessibles non seulement pour les visiteurs, mais également pour les professionnels qui ont du mal à installer les nouveaux tombeaux.
Les entreprises funéraires sont accusées par les usagers de faire du profit, notamment depuis le début de la crise sanitaire. Jusqu’en 1984, les emplacements mortuaires mesuraient 1,5 mètre de largeur mais, avec les amendements apportés plus récemment à la loi sur les cimetières, elles mesurent dorénavant de 1,70 à 1,80 mètres de large. Certains usagers et employés de sociétés funéraires craignent désormais, si la surmortalité liée à la pandémie de Covid-19 se maintient (une trentaine de personnes décèdent quotidiennement de la Covid-19 en Macédoine du Nord), qu’il n’y ait plus de place pour de nouvelles tombes d’ici à peine six mois.
Cette surmortalité rend encore plus urgent le besoin de nouvelles infrastructures funéraires, mais l’agrandissement des cimetières est une question délicate et la mairie de Skopje n’y est elle-même pas favorable. C’est pourquoi la construction d’un crématorium apparaît désormais comme une solution évidente aux difficultés actuelles. Cependant, selon les directeurs de cimetières, un tel projet se heurte à l’opposition farouche de l’Église orthodoxe de Macédoine. L’une des raisons de cette hostilité serait que les chrétiens ne se déplaceraient plus aux funérailles lorsque la personne est incinérée, ce qui implique une perte d’influence du rôle de l’Église dans l’accompagnement des défunts.
Sources : Nova Makedonija, Daily MK.