Le premier tour de l’élection présidentielle s’est tenu le 1er novembre en Moldavie. Selon la Commission électorale centrale, Maïa Sandu, candidate pro-européenne, a remporté le premier tour du scrutin, avec 36,16 % des voix, contre 32,61 % pour le président socialiste sortant, Igor Dodon. Les deux candidats s’affronteront donc le 15 novembre pour un second tour plus que jamais animé par le clivage Est-Ouest qui sous-tend la politique intérieure du pays.
Suite à la crise constitutionnelle qui a éclaté en juin 2019 sur fond de corruption, le Parti démocrate a été discrédité. La fuite à l’étranger de son président, l’oligarque Vladimir Plahotniuc a alors signé le début d’une opposition binaire entre le parti pro-russe de I. Dodon et le parti pro-européen de M. Sandu. En sortie de crise, cette dernière a occupé le poste de Premier ministre, avant d’être démise de ses fonctions en novembre 2019 par une motion de censure du Parlement, alors qu’elle tentait de réformer le système d’élection du Procureur général.
La candidate M. Sandu a fait de la corruption qui gangrène le pays son cheval de bataille. Elle a prévenu qu’en cas de fraudes électorales, les résultats seraient contestés dans la rue. Le 1er novembre, les observateurs locaux ont enregistré 520 incidents, dont des achats de voix et le transport organisé des électeurs transnistriens par bus : 14 000 habitants de Transnistrie ont pris part à l’élection, alors que la région a unilatéralement fait sécession de la Moldavie depuis 1990 et est depuis soutenue par la Russie. Leur participation, à 74 % en faveur de l’actuel Président, est contestée par le parti d’opposition.
Dans le contexte des soulèvements post-électoraux au Bélarus et au Kirghizstan, ainsi que de la contestation des résultats des élections parlementaires par l’opposition en Géorgie, le second tour de l’élection en Moldavie pourrait être le nouveau point de départ d’un mouvement de protestation populaire. Avant même le premier tour, la Russie avait également anticipé cette possibilité, mais en accusant les États-Unis de fomenter un « scénario révolutionnaire » en Moldavie.
La dimension géopolitique de cette élection a été accentuée par le soutien sans appel des Moldaves vivant à l’étranger, qui ont voté à 70 % pour Maïa Sandu, contribuant à faire basculer les résultats de ce premier tour.
Sources : Commission électorale centrale de la République de Moldavie, Komsomolskaïa Pravda, Promo-lex, Adevarul, Le Monde, La Croix.