À la suite du décès d’Amfilohije (Amfilohije Radović), le métropolite du Monténégro le 30 octobre 2020, l’Église orthodoxe de Serbie a nommé son successeur en mai 2021 : il sagit du métropolite Joanikije (Joanikije Mićović, né en 1959 à Velimlje au Monténégro). La date de son intronisation, prévue au monastère de Cetinje (abritant plusieurs reliques) le 5 septembre, ne devait pas être ébruitée afin d’éviter la mobilisation de nationalistes monténégrins.
En effet, l’Église orthodoxe de Serbie est perçue comme très proche de Belgrade, alors que le Monténégro est devenu un État indépendant en quittant la Serbie-et-Monténégro en juin 2006. La nomination du nouveau métropolite par le Saint siège serbe apparaît dès lors comme une forme de tutelle de la Serbie sur le nouvel État et est donc vécue comme une humiliation par une partie de l’opinion publique monténégrine. De plus, une partie des habitants du Monténégro s’identifient encore comme Serbes et non comme Monténégrins, ce qui contribue à l’inquiétude d’une partie de la population qui craint que son identité nationale soit menacée. Ces crispations sont accentuées par la proximité, réelle ou supposée, du gouvernement monténégrin Krivokapić (installé le 4 décembre 2020) avec l’Église orthodoxe serbe.
Néanmoins, l’information sensible sur la programmation de la cérémonie d’intronisation a été découverte et diffusée. En réaction – et à l’appel du DPS (Parti démocratique des socialistes du Monténégro) –, des émeutes ont éclaté à Podgorica et à Cetinje le 4 septembre, pour protester contre cet événement.
À la suite de ces échauffourées, le métropolite Joanikije et le patriarche de l’Église orthodoxe serbe Porfirije ont été conduits en hélicoptère au monastère Centinje le 5 septembre, sous bonne escorte policière, et l’intronisation a pu finalement se dérouler selon le rite.
Par la suite, le nouveau métropolite a réagi aux émeutes et a désigné le président Milo Djukanovic comme étant à l’origine de ces troubles. Le religieux a déclaré à la RTS (radio-télévision serbe) que le dirigeant monténégrin avait violé la Constitution de son pays en instrumentalisation la question religieuse, car il s’était ainsi attaqué aux libertés religieuses des habitants. Le métropolite a également reproché au chef de l’État d’avoir « apposé une étiquette politique à un rassemblement religieux dans le seul objectif d’en tirer un avantage politique ».
Sources : Kurir, Eparhija, RTS.